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Mazarinade n° A_7_63

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Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : A_7_63.


ie ne croy pas que l’homme se puisse vanter d’auoir quelque chose à
soy qui ne luy appartienne, & moins qu’il luy puisse payer le tribut
que vous voulez qu’il luy paye, que de son propre Domaine, puis que
nos biens & nos vies sont du nombre. Et c’est là veritablement la seule
raison par laquelle il se trouue inalienable, comme vous dites, veu
que Dieu veut qu’il soit vniuersellement affecté sur tout ce que le
Sujet possede ; si bien qu’on ne luy sçauroit dénier ce qui luy est deu,
sans se mettre au hazard d’estre puny selon l’enormité du crime. Enfin
si les imposts ont causé de grands troubles, c’est parce que le Souuerain
n’a trouué sous sa domination que des esprits de rebellion, &
des ames bien peu Chrestiennes.
 
Ce que nous venons de dire suffira pour répondre à cette grande
trainée de discours, qui sont dans les trois derniers cahiers d’vn si digne
& si Royal Ouurage que le vostre, & ausquels il a esté suffisamment
répondu par le premier Refutateur de vostre Lettre. Neantmoins
ie ne laisseray pas en chemin faisant devous demãder, par quelle
raison d’Estat est-ce qu’vn Roy, qui abuse du pouuoir que Dieu
luy a donné, cesse d’estre Roy, & ses Sujets Sujets ; & que l’vn se dispẽsant
de son deuoir, l’autre se peut bien tirer de son obeïssance. Voila
s’il me semble vne maxime tres odieuse à vne Puissance qu’vn absolu
Legislateur a renduë si souueraine. Et voicy à peu prés le nœud de l’affaire,
si ie ne me trompe. Vous dites que quand les Roys viennent à
la Couronne ils iurent sur les sainctes Euangiles, qu’ils maintiendront
l’Eglise de Dieu à leur pouuoir, qu’ils obserueront les loix fondamentales
de l’Estat, & qu’ils protegeront leurs Sujets selon Dieu
& raison, ainsi que de bons Roys doiuent faire. Ie veux que cela soit
ainsi : mais voyons si vous entendez bien vostre Obiection, & si cela
fait quelque chose en faueur de vostre consequence. Vous voulez
donc que si le Roy manque au serment qu’il a fait à ses Sujets, que
ses Sujets manquent à l’obeyssannce qu’ils luy ont promise.
Premierement, mon deuancier vous a dit, que le Monarque &
la puissance estoient deux choses indiuisibles : mais cela ne fait rien
contre vous, attendu que vous ne vous amusez pas tant à faire leur
diuision, qu’à les chasser & qu’à les destruire tous deux ensembles.
Il vous dit encore, que les Roys ne sont pas obligez de tenir
les serments qu’ils ont faits à leurs Sujets ; ce qui fait contre Dieu,
contre l’honneur du Souuerain, & contre la Iustice qu’ils doiuent
rendre à leurs peuples. Dieu leur defend pourtant de iurer
en vain, & sa saincte & sacrée Majesté donne sa malediction à
tous ceux qui ne rendront pas leurs promesses d’vne nature inuiolable.