[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_9_52

Image de la page

Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : C_9_52.


à le meriter : aussi ce violant exemple fit l’effet qu’on en deuoit
attendre. Le peuple voyant que sur de si foibles sujets
on le poursuiuoit iusques à la mort, fit vn mauuais presage de
sa liberté, & dans le degoust que la conduite de Monsieur le
Comte d’Alais luy auoit donné, on voit en mesme temps la
haine & la fureur respanduë par toute la ville d’Aix, le peuple
se mit en armes & accourut à la defence de ses Magistrats
qu’il voyoit opprimez.
 
Monsieur le Comte d’Alais fut tres à propos persuadé de
n’essayer pas ses forces contre celle de ce peuple si iustement
animé : Il auoit aduancé vne foible barricade pour l’attirer
plustost, que pour s’y cacher : & quoy que die son Manifeste,
si Monsieur le Comte de Carces pour lequel tout ce peuple a
des respects infinis, & des sentimens d’amour tres-passionnez,
ne l’eust appaisé, les suittes ne pouuoient estre que fort
perilleuses.
Mais à peine il fut desarmé, que Monsieur le Comte d’Alais
adioustant ce nouueau motif à sa haine, au prejudice de
la parole qu’il donna au Sieur Archeuesque d’Arles, de desarmer
de sa part, & restablir le Parlement dans trois iours, il
mit secrettement des soldats dans l’Hostel de Ville, fit visiter
les murailles, donna ordre à son regiment de Caualerie
& d’Infanterie de se preparer, & à ses amis d’estre aupres de
luy, qui estoit tout l’appareil d’vne vengeance premeditée
dont il y auoit grande apparence de se deffier, parce que tous
ses domestiques faisoient depuis long-temps des menasses
insupportables, ses Officiers se partageoient desia en esperance
le butin de la ville d’Aix, & on ne pouuoit pas douter
que Monsieur le Comte d’Alais qui auoit pris pour injure la
resistance qu’on auoit eu pour ses sentimens ne se vengeast
de celle qu’on auoit tesmoigné contre ses armes.
Cet appareil trouuant le peuple émeu de ce premier mouuement,
excita vne telle chaleur dans la ville d’Aix le iour
de sainct Sebastien, que dans moins d’vne heure on y vid
toutes les ruës barricadées, & plus de vingt mil hommes
soubs les armes.