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Mazarinade n° B_2_3

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Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT AV ROY, ET A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_3814. Cote locale : B_2_3.


fortune penchante de vostre Royaume, nous trouuons
obligez de iustifier nostre conduite à V. M. & à toute la
France. Nous serions inconsolables, si nous ne croyons auoir
satisfait à tout ce que la Iustice & la Prudence desiroient
de nous, pour éuiter ou éloigner l’accident où nous sommes
tombez : l’vn & l’autre nous ont obligez de mettre la main
au soulagement de vos Peuples, qui succomboient sous le
faix, afin d’empescher leur ruine ou leur reuolte. Mais à
l’égard du Cardinal Mazarin, qui estoit coupable de leurs
souffrances ; si la Iustice demandoit la punition de sa tyrannie,
la Prudence nous portoit à la dissimuler, comme nous
auons fait.
 
Nous sçauons bien que le crime d’vsurpation, est de la
qualité des passions violentes, qui se rendent maistresses des
ames qui les reçoiuent ; & que pour peu qu’il soit consommé,
les loix sont trop foibles pour le chastier. Ceux qui entreprennent
sur la puissance du Souuerain, ne manquent
pas d’imiter ce fameux Sculpteur, qui grana si artistement
son image dans la statuë qu’il destinoit au public, qu’il estoit
impossible de l’en oster, sans mettre l’ouurage en pieces,
Les Vsurpateurs de l’Authorité du Prince, s’attachent si
fort à sa personne & sa rendent si necessaires dans ses affaires
par leur adresse, qu’il est presque impossible de les en separer,
sans causer vne conuulsion tres-perilleuse à l’Estat ;
& comme ces maux sont presque incurables, quand ils ont
pris racine pour peu que ce soit, les Sages en attendent la
guerison plûtost de la seule Prouidence de Dieu que de leur
conduite : Ainsi nous nous sommes veus deliurez deux fois
par sa main propice, de ces maladies mortelles ; & nous eussions
attendu vn pareil secours sans agir contre le Cardinal
Mazarin, non pas mesme dans cette occasion, si nous n’y
eussions esté contraints pour nostre iustification & pour vostre
seruice.
SIRE, Aussi tost que vostre Parlement eut la nouuelle
de vostre sortie, qui sembloit plûtost vn enleuement que le
depart d’vn Roy de sa Ville capitale, & que nous eusmes veu
la Lettre écrite aux Preuost des Marchands & Escheuins,