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Mazarinade n° C_8_44

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Anonyme [1649], RECVEIL GENERAL, De toutes les Chansons mazarinistes. ET AVEC PLVSIEVRS QVI N’ONT point estées chantées. , françaisRéférence RIM : M0_3055. Cote locale : C_8_44.



 
Ce traistre de Cardinal,
Commanda d’aller reprendre,
Comme vn Desmon infernal
Charanton sans plus attendre.
 
 
A lors mon cher Espoux dit
D’vne parole agreable,
Faut-il que ie me soit mis
Du costé d’vn miserable.
 
 
En proferant ce discours,
Il falut à l’heure mesme,
Quitter là toute la Cour,
Auec vn regret extresme.
 
 
Estant au Bourg arriué,
On commença à ce battre,
Où plusieurs furent tüés
Dedans ce furieux desastre.
 
 
En combattant il disoit
O ! mon Dieu qu’elle querelle ?
Voir François, contre François,
Que cette Guerre est cruelle.
 
 
Au mesme temps il receut
Vn coup dans le petit ventre,
Et tomba toute estendu,
Ne se pouvant plus deffendre.
 
 
Puis aprés on le porta,
Dedans le Bois de Vincenne,
Où la Vierge il reclama
Qu’elle eut esgard à sa peyne.
 
 
En mourant il regrettoit
La faute par luy commise
Mais qui n’auoit pû iamais,
Refusé cette entreprise.
 
 
Il dit encore vne fois,
Faloit-il faire la Guerre,
Contre les pauures François,
Qui souffre tant de misere.
 
 
Il faloit mieux s’en-allé
La faire dans l’Angleterre,
Pour la saincte Foy planté,
Que n’on-pas contre nos freres.
 
 
Il demanda humblement,
Pardon de sa grande offence
Faites à ce grand Parlement,
Qui est le premier de France,
 
 
Voilà comme il trespassa
En prononçant ces paroles,
Ce bas monde il delaissa
A-Dieu son ame s’envole.
 
 
Aussi son propre Cousin,
Fut tué dans cette attaque,
Dés le Lundy au matin,
Et plusieurs de grand remarque.
 
 
Et moy Dame de renom,
On m’apporta la nouuelle
De la mort de Chastillon,
Mon cher Espoux tres-fidelle.
 
 
C’est ce meschant Cardinal
Qui a cette mort causée
Que mon bon mary loyal,
Ma ainsi tost delaissée.
 
 
Ie prie Dieu de le placer,
Dedans la gloire Eternelle
Et vouloir recompenser
Mon bien aymé mon fidelle.
  Les Adieux qu’à fait Monsieur de
Chastillon auant que de mourir,
à sa Mere & à sa Femme : Sur le
chant, O ! mort, tres-rigoureuse
mort, &c.

 
A Dieu, ma chere mere adieu,
A dieu donc ma bien aymée femme,
Il me faut quitter ce bas lieu,
Pour à Dieu rendre ma pauure ame,
Si en mourant i’ay vn regret
I’en ay vn tres-iuste sujet.
 
 
Ce n’est pas que ie crains la mort,
Car ie sçay qu’il faut que ie meure,
Mais c’est que i’ay vn grand remort,
Que l’on m’en a aduencée I’heure,
Dans vn Combat où i’ay esté
N’en n’ayant pas la volonté.
 
 
Helas ! ce fut à Charanton,
Où on donna vne Bataille,
Qu’à cette iniuste occasion,
Que i’ay trouué mes funerailles,