[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_9_12

Image de la page

Anonyme [1649], RECIT VERITABLE DE LA FIN MAL-HEVREVSE D’VN VSVRIER. Arriuee en la Prouince de France. Le Ieudy dix-huitiesme Mars 1649. , françaisRéférence RIM : M0_3015. Cote locale : C_9_12.


pas long temps que l’on en auoit vendu, à raison de
cinquante liures le septier, & luy ne voulant estre si
long temps à Paris, a laissé son bled à vn sien amy à
qui il a donné charge de le vendre. Hier comme vous
estiez icy, mon cher Monsieur, on luy apporta vne
Lettre, par la quelle il estoit dit que le bled ne valoit
plus à Paris que vingt-deux liures : chose qui l’a tant
fasché voyant le gain qu’il auoit refusé, qu’vne frenezie
l’a surpris, telle qu’il s’est precipité & ietté dans
nostre puits, il y a du moins vne heure, encore ne sçaurions-nous
pas où il seroit si nostre seruante ne l’eust
entendu tomber comme elle alloit couper des herbes
à mettre au Pot. Cependant, mon cher Monsieur, ie
ne sçay comment nous le pourrons retirer & le faire
enterrer sans faire bruit. Moy entendant ce discours
les cheueux me dressoient en la teste d’horreur, &
i’eusse voulu estre bien loin de là, pour n’estre point
spectateur d’vne chose si esloignée de raison, de voir
vn homme se desesperer pour si peu de chose, car il
ne perdoit rien, au contraire y gagnoit beaucoup à
vendre son bled vingt-deux liures, puis qu’il ne luy
reuenoit qu’à huit francs, ainsi qu’il me l’auoit dit
lors que nous cheminions ensẽble. Cependant ie reconfortay
cette femme au mieux qu’il mefut possible ;
ie luy dis qu’il falloit enuoyer querir quelque
personne fort & rustique pour descendre dans ce
puits, pour ayder à retirer ce corps : on en fut chercher
vn, lequel estant venu & ayant beu deux coups, commença
à se glisser le long d’vn chasble, mais il ne fus