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Mazarinade n° A_8_20

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Anonyme [1649], RECIT VERITABLE DE LA FIN MAL-HEVREVSE D’VN VSVRIER Arriuee en la Prouince de France. Le Ieudy dix-huitiesme Mars 1649. , françaisRéférence RIM : M0_3015. Cote locale : A_8_20.


en attendant, Monsieur, ie demeureray ce que i’ay esté
vers vous & suis. Vostre seruiteur A.D.P.
 
Cette Lettre ne fust point leuë sans grimasse, &
moy ne sçachant pas ce qu’elle contenoit, ie fus bien
estonné de luy voir faire la mine qu’il faisoit, & recõnoissant
qu’il n’estoit pas content, i’ay pris congé de
luy, le remerciant tres-humblement du bon traitement
que i’auois receu de sa personne. Et le lendemain
qui fust le Ieudy ie me trãsportay audit lieu, où
ie fus bien estonné de voir sa femme pleurer à chaude
larmes & deux enfans faire des cris espouuentables. Ie
demanday à vn seruiteur d’où procedoit ces pleurs,
ces cris & lamentations : il me dit que c’estoit que son
Maistre se venoit de precipiter dans leur puits. Moy
entendant cecy, ie demeuray encore plus estonné
qu’auparauant, pourtant ie m’aprochay de cette femme
affligee, laquelle ie reconfortay au mieux qu’il
me fut possible, luy demandant comment cela estoit
arriué. Elle toute éplorée, ne pouuant quasi ouurir la
bouche, me fit ce discours, qui fut interrõpu de plusieurs
sanglots pitoyables Mon cher Monsieur, dit-elle,
il faut que vous sçachiez que mon mary ayãt entendu
dire comme le bled estoit cher à Paris, il en
fist charger quarante ou quarante-deux septiers, esperant
y faire vn grand profit, comme il eust fait, s’il
n’eust point refusé sa premiere offre, d’autant que
l’on luy en fit offre de quarante liures du septier, mais
il ne le voulut pas donner, esperant de le vendre dauantage,
d’autant que l’on luy auoit dit qu’il ny auoit