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Mazarinade n° C_6_76

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Anonyme [1649], QVESTION, SI LA VOIX DV PEVPLE EST LA VOIX DE DIEV ? , français, latinRéférence RIM : M0_2951. Cote locale : C_6_76.


dequoy ? Nous nous vantions de trouuer des moyens
de faire faire la guerre au Roy dix ans sans charger le peuple, si
on nous vouloit croire : Et cependant nous auons osté au Roy
le moyen de la faire, & nous n’auons point deschargé le peuple.
De la recherche des Partisans il deuoit venir vn fonds inépuisable ;
& cependant cette Chambre de Iustice qui a fait
tant de bruit, n’a rien rapporté, & n’a fait qu’oster le credit au
Roy, & ruiner vne infinité de particuliers qui luy auoient
presté de l’argent. Personne ne paye dans les Prouinces : Et ce
n’est pas que la France ne soit encore assez riche, mais c’est que
ceux qui ont quelque chose, le cachent. Voila l’effet de cette
belle leuée de bouclier, qui nous deuoit tous mettre dans
l’opulence. Nous voyons bien que les despenses de l’Estat
ne diminuent point, & nous demandons diminution de toutes
les charges qui sont establies pour sa subsistance. Nous voyõs
tous les iours que les familles des particuliers ne se peuuent
pas entretenir à present pour cent fois autant que ce qu’elles
despensoient du temps de nos Peres. Et nous voulons que
l’Estat subsiste, & se maintienne pour aussi peu qu’en ce temps-là.
Et nous nous escrions sur l’augmentation de ce que donnent
toutes les Prouinces de France, comme si c’estoit vne
augmentation du reuenu du Roy, qui auoit autrefois son domaine
particulier, qui a esté engagé pour les frais de la guerre,
au lieu que c’est proprement vne augmentation du reuenu de
l’Estat : Et qu’ainsi ceux qui empeschent qu’il n’y ait dequoy
le maintenir, ne s’attaquent pas seulement à l’authorité de nos
Roys, qu’ils content maintenant pour peu de chose, mais sappent
les fondemens mesmes de l’Estat, pour la grandeur duquel
ils se disent si passionnez.
 
Que voulons-nous donc faire entretenant le desordre par
tout ? quelles sont nos pretentions ? où est le profit que nous en
croyons tirer ? Et que pensons-nous faire de souhaitter auec
tant d’empressement l’esloignement d’vn Ministre qui a seruy
si fidelement le feu Roy, & qui a comblé l’enfance de son fils
de tant de triomphes ? Croyons-nous en cela estre plus sages
que cette grande Princesse, qui conuerse plus souuent auec
Dieu qu’auec les hommes ? Pensons-nous auoir plus d’affection
pour le bien du Royaume, que ces deux grands Princes ;