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Mazarinade n° A_6_44

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Anonyme [1649], NOVVELLES APPORTEES AV ROY LOVIS XIII. DANS LES CHAMPS ELISEES, Et son entretien auec les Heros & les principaux Seigneurs de sa Cour, touchant la funeste guerre que Mazarin a allumée dans la France. Et la description des principales choses qui sont arriuees depuis l’enleuement du Roy, qui est tout l’Histoire du temps. , françaisRéférence RIM : M0_2555. Cote locale : A_6_44.


precedé, il seroit bien venu à bout d’vne entreprise bien plus
difficile, & auroit si bien asseuré sa fortune & son pouuoir, qu’il
n’auroit pas esté dans l’apprechension de les perdre, ny de les
voir diminuer. Que vostre Eminence ne fasse point de comparaison,
dit le Duc de Rohan, auec ce ignorent & inconsideré
Ministre. Vous nous auez bien fait sentir à tous, que vous
estiez vn maistre parfait au métier dont il s’est voulu méler : Et
quant à moy ie crois bien asseurement que vostre Eminence se
voulant faire regretter aux François, vous auez par vne adresse
de rusé Politique, substitué le Mazarin en vostre place, afin
que par sa mauuaise & déplorable conduite l’on trouuat la vostre
plus excellente, & qu’ayant paru dans vostre fortune vn
seuere, hardy & heureux Tyran, l’on vous reputat aux siecles
à venir, vn tres moderé & prudent Ministre, à l’égard de ce
maraut d’Estranger ; qui n’a iamais rien fait, ny conseillé de
glorieux à la Reyne Regente, au lieu qu’il eut peu la rendre la
plus glorieuse Princesse de la terre, en l’obligeant par ses conseils
à estre la mediatrice de la Paix vniuerselle : & luy de son
costé auroit rendu son nom sacré & venerable à la Postetité.
Et si i’ose parler en politique Chrestien, & que les sentimens
d’vn si bon Huguenot, comme moy, ne soient point trouuez
suspects deuant le Roy ; ie diray qu’il est à craindre, que Dieu
ne se lasse de faire tant de bien à la Reyne, puis qu’elle n’est pas
reconnoissante, comme elle deuroit estre, des graces que sa diuine
Bonté luy a départies si abondamment ; Car si elle considere
sa Royale Naissance, son Auguste Mariage auec vostre Maiesté,
ses heureux Enfantemens, sa parfaite santé, son absoluë
Regence, apres quelques trauerses, & l’amour extréme que
tous les Peuples luy portoient, sans doute elle trouuera que
iamais femme n’a esté si heureuse qu’elle & qu’en fin pour tous
ces admirables biens-faits, elle deuoit en tesmoigner des parfaites
reconnoissances enuers Dieu, en la personne de tous les
Peuples Chrestiens, ausquels elle deuoit donner la Paix aussitost
qu’elle en a eu le pouuoir, & ainsi elle auroit esté honorée,
& s’il faut ainsi dire, adorée d’vn chacun, & les gens de bien
luy auroit éleué des Autels perdurables, dans leurs cœurs &
dans leur memoire : Et cependant l’estat present des affaires