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Mazarinade n° A_6_44

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Anonyme [1649], NOVVELLES APPORTEES AV ROY LOVIS XIII. DANS LES CHAMPS ELISEES, Et son entretien auec les Heros & les principaux Seigneurs de sa Cour, touchant la funeste guerre que Mazarin a allumée dans la France. Et la description des principales choses qui sont arriuees depuis l’enleuement du Roy, qui est tout l’Histoire du temps. , françaisRéférence RIM : M0_2555. Cote locale : A_6_44.

porteur ; toutesfois ie ne sçay de quels charmes il se seruit pour gaigner
mon cœur, qu’il faut que ie confesse, que ie me trouuay forcé de l’estimer
autant, comme à present ie l’ay en execration.
 
Comme le Cardinal de Richelieu acheuoit de parler, le Mareschal
de Gassion arriua auec autant d’empressement comme s’il fut
venu d’enleuer vn quartier d’Espagnols ou de Croates ; il s’adressa assez
brusquement au Roy, & luy dit, Sire, ie viens tout maintenant
d’apprendre par mon Genie, (qui prend souuent plaisir de promener
à Charanton à l’entour du tombeau où mes cẽdres reposent) que
le Prince de Condé, qui depuis vostre mort a fait de si belles actions,
est maintenant si aueuglé qu’il protege de tout son pouuoir ce meschant
Mazarin, & qu’ayant fait venir toutes les armées des frontieres
& desgarny toutes les places de leurs garnisons, il les employea present
à faire vne sanglante guerre à la France (pour laquelle toutes
les loix diuines & humaines l’obligent de combatre & de mourir,) il
a fait attaquer le bourg de Charanton qui estoit gardé par quelques
bons François commandez par le sieur de Clanleu, qui apres vne
tres genereuse deffence y a finy glorieusement la vie : mais le Prince
de Condé y a perdu plusieurs vaillans hommes, & entre autres
le braue Chastillon ; & ie crois, Sire, que vostre Maieste sçaura bien-tost
des nouuelles certaines de tout par leur arriuée qui ne peut pas
beaucoup tarder. Et en effet comme il acheuoit de parler l’on amena
le sieur de Clanleu au Roy, qui le receut auec les plus honnorables
caresses qui luy fut possible ; Ce vaillant Capitaine tout couuert de
sang & de blessures raconta au Roy des particularitez admirables
de la Tyrannie du Mazarin, & luy fit vne desduite tres veritable de
toutes ses voleries & de ses trahisons, & en suite il fit voir à sa Maiesté
la raison & les iustes motifs que le Parlement & les Princes de Conty,
de Longueuille, de Beaufort, d’Elbeuf & le Mareschal de la
Mothe Houdancourt, & plusieurs autres Princes & Seigneurs, auoient
dans la prise des armes ; pour le seruice de la France & pour la conseruation
de l’authorité Royalle, pour la manutention des loix du
Royaume, & pour la gloire du nom François, que ce Monstre taschoit
d’estouffer & d’esteindre entierement. Alors le Roy tesmoignant vn
desplaisir extresme de ses honteux desordres, apres auoir loué tres-hautement
la vertu de Clanleu & l’auoir honnoré d’vne glorieuse
Couronne Ciuique composée de feuilles de chesne, pour auoir si bien
combatu pour sa Patrie & si dignement employé sa vie pour la conseruation