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Mazarinade n° A_6_7

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Anonyme [1649], MANVEL DV BON CITOYEN, OV BOVCLIER DE DEFENSE LEGITIME, Contre les assauts de l’Ennemy. , françaisRéférence RIM : M0_2406. Cote locale : A_6_7.


leurs pompes, le plus impudent calomniateur ne peut pas dire
qu’on aye iamais fait la moindre proposition de leur rien retrencher ;
au contraire on a trouué à dire que les pensions, & autres dépenses de
cette nature, qu’il a pleu à leurs Majestez de faire à la Reyne d’Angleterre,
ayent esté employées dans des comptans, comme des parties
honteuses & indignes d’estre auoüées, & mises au iour. On n’a
iamais trouué à redire à la magnificence de leurs Palais ; bien au contraire,
le peuple en voyant le luxe des Fauoris & des Financiers, a
tousiours murmuré de ce qu’on n’acheuoit pas le bastiment du Louure.
Tout ce grand appareil de Gardes Escossoises, Suisses, Françoises,
n’a iamais esté controllé ny du Parlement, ny du peuple ; ouy
bien celles qui ont esté vsurpées par le defunct Cardinal, & par celuy-cy.
Les seules liurées du Roy, sur les espaules du moindre
Valet de pied, sont respectées & cheries par tout, encore dans ce
temps malheureux, auquel on veut affamer Paris, les Pouruoyeurs de
leurs Majestez sont priuilegiez, & enleuent tout ce qu’il leur plaist
dans nos marchez ; & dernierement que par vn stratageme, qu’on
ne peut honnestement nommer, on fit cesser l’ordinaire des Officiers
du Roy, il n’y eust bon Bourgeois qui n’en fust indigné, & qui ne fist
offre de sa bourse pour reparer ce scandale. Mais comme cette affection
est deüe au Roy & à la famille Royale, c’est vn sousleuement
de cœur, & vne auersion generale que le peuple, le Parlement, &
tous les Nobles ont contre les Fauoris, Flatteurs, & autres Brigans
publics ; & l’on s’estonne auec sujet par quelle fatalité la Reyne ayme
mieux voir triompher cette canaille, que de consentir à la iustice
qu’on luy en demande depuis tant d’années. Il y a quelque temps
qu’il mourut vn Commis de Finances nommé ***, qui n’auoit
ny femme, ny enfans, & auoit peut-estre plus de reuenu que tous les
Ducs de Virtenberg ensemble. Ce bien là estoit acquis de sorte, que
son propre pere fit conscience d’y vouloir participer. On proposa que
le Roy s’en deuoit emparer, les Brigans Majours s’y opposerent, &
n’en voulurent pas permettre la consequence. Mais posons que le
bien de ce Financier fust tres-legitimement acquis ; n’eust-il pas esté
de plus iusté conqueste, que la subsistance imposée sur cinquante villages,
ou la taxe de cent aisez qui n’ont trempé ny dans les prests, ny
dans les autres vsures ? Il est sans doute. Or qui est-ce qui empesche
nos Princes de comprendre ces veritez ? les flatteurs, les bouffons,