[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_6_5

Image de la page

Anonyme [1649], MANVEL DV BON CITOYEN, OV BOVCLIER DE DEFENSE LEGITIME, Contre les assauts de l’Ennemy. , françaisRéférence RIM : M0_2406. Cote locale : C_6_5.


derriere leurs parauens ils préuoyent des consequences ; Ils apprehendent
des changemens en l’Estat, & en la Religion. Cependant ny
eux, ny ceux qui les conseillent, n’ont point le vray zele de l’Estat, ny
de la Religion, si ont bien celuy de leurs interests. Priuatæ res semper
offecerunt, dit le grand Historien, officientque publicis consiliis, dit le grand
Prophete Tite-Liue. Mais pour traiter dignement ce sujet, il y faudroit
employer plusieurs Philippiques. Il reste de toucher vn mot de
l’interest du menu peuple de Paris, lequel se remettant à Messieurs les
Princes & Magistrats d’auancer les propositions plus releuées & plus
generales, il demande en son particulier la continuation du Commerce,
& des manufactures pour le soustien de sa vie, & ne souhaite
rien tant que le retour de leurs Majestez, auec l’ancienne Cour Françoise :
Car pour ce qui est du Ministre Estranger, il en a plus d’horreur
que de la faim & de la guerre, ainsi qu’il l’a fait souuent entendre par
ses cris, & par le zele de ses sorties, dont l’effet n’a esté retardé que par
la prudence des Generaux. Ainsi depuis deux mois, quelques secousses
d’afflictions & de tentations qu’on luy aye données, il n’a point
fait iour pour se des-vnir. Et c’est vne manifeste prouidence de Dieu,
qu’vne si vaste ville, si peu disciplinée, se soit si paisiblement conduite
& maintenuë. N’est-ce pas vne autre merueille, que nous deuons
adorer le ventre contre terre ; que nonobstant la persecution de nos
ennemis, qui nous enuironnent de toutes parts, il se trouue du pain
suffisamment pour nourrir tout ce grand peuple, chargé de plus de
cinquante mille mendians. Il paroist bien par ce rayon de misericorde,
que Dieu ne nous veut pas encore abolir pour ce coup, & que le
ieusne forcé conjoint auec nos volontaires mortifications, produira
bien tost vn bon amendement à nos mœurs, & en suite vne salutaire
deliurance. C’est l’esperance que les gens de bien de ce Party conçoiuẽt,
c’est à quoy ils exhortent de trauailler ceux de l’autre, s’il s’y trouuoit
quelque ame cõsciencieuse & genereuse. Mais est-il donc besoin
d’vne vertu extraordinaire & heroïque, pour porter vne parole de iustice
à l’oreille d’vne Reyne & de deux Princes ? est-ce vne medecine
si amere & si dégoustante que la proposition d’vn bon conseil ? Ne s’est-il
peû rencontrer aucune creature parmy tant de deuotes, qui aye osé
presenter cette potion, que la femme d’vn Apothicaire Espagnol ?
Quoy ? il s’est trouué assez de zele pour abbatre de la chaire vn des plus
grands Predicateurs de l’Eglise, par vn concert de femmes, & par