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Mazarinade n° C_3_102

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Anonyme [1649], LVMIERES POVR L’HISTOIRE DE CE TEMPS, OV LA REFVTATION DE TOVS les Libelles & Discours faits contre l’authorité Royale durant les Troubles à Paris. Auec les motifs de la stabilité & durée de la Paix, contre l’opinion du vulgaire. Fiat pax in virtute tua, & abundantia in turribus tuis. , français, latinRéférence RIM : M0_2334. Cote locale : C_3_102.



Toutes ces veritez estans bien establies, à quoy bon se rendre
malheureux soy mesme, par vne defiance hors de saison ? On
a vendu ta vie ? Si tu auois pour fondement de tes autres vertus
l’humilité Chrestienne, tu croirois que la marchandise est si vile,
qu’on n’aura pû trouuer Marchand : Mais l’ambition te fait
conceuoir des pensées bien plus hautes, pourueu que tu lises
quelque Libelle, ou qu’on te dise que ta cause est iuste. Tu
demandes la guerre, & portes tes esperances iusques à la victoire.
Demander la guerre, c’est parler en beste, bellum à belluis,
c’est se bander contre son bonheur, & embrasser sa ruine ; c’est se
monstrer ennemy de soy-mesme & des autres. Ceux qui cherchent
la guerre, sont semblables à ces furieux, qui cherchent
vn poignard pour s’arracher la vie. Car la guerre est le commencement
de tous maux, & le poinct où finissent toutes sortes
de biens : c’est pourquoy les Hebreux l’appellent fort bien
[illisible] mil chamáh, c’est à dire, broute-tout. Lors que les Poëtes
veulent exprimer quelque grand malheur, ils nous descriuent
la Deesse de la guerre auec son foüet trempé dans du sang.
Quam cum sanguineo sequitur bellona flagello. Virg. 9. Æneid.
Cette Deesse se plaist parmy les carnages, elle remplit les
Temples & les Autels du sang de ceux qui sont à sa suite. Elle
n’espargne pas mesme ses Prestres, il falloit anciennement qu’ils
espuisassent de sang leurs veines pour en arrouser ses Autels.
Bellonarij, id est sacerdotes bellons lacertos humerosque concidebant, sanguine
suo bellonæ sacrisicantes.
Arrache donc, pauure Peuple de Paris, de ton ame ces veines
pensées d’ambition : Songe à la Paix, & non pas à la guerre : demeure
en Paix, & non pas dans la crainte de la guerre. Rappelle
ton Roy par vne genereuse asseurance, & ne l’esloigne pas
dauantage par vne lasche defiance. Arreste le cours de tant de
discours, qui te rauissent la douceur, que les bonnes ames goustent
dans vne parfaite tranquilité. Il n’est plus temps de trembler :
tu vois ton Roy qui tourne ses armes contre tes ennemis
naturels, pour les contraindre à te donner vne Paix glorieuse,
& à reconnoistre enfin que la generosité des François est tousiours
egale, & comme le diamant, resiste tout ensemble & esclate
par tout.