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Mazarinade n° C_3_99

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Anonyme [1649], LOVANGE DE FEV MONSIEVR LE MARQVIS DE CLANLEV, TVÉ A CHARANTON, EN COMBATTANT POVR LE SERVICE DV ROY, ET DV PARLEMENT. Dulce, & decorum est pro patria mori. , français, latinRéférence RIM : M0_2325. Cote locale : C_3_99.


il perdit aussi cette place, en suite de quoy il fut fait prisonnier
dans la Citadelle d’Amiens par le mesme Mazarin
qui apprehendoit qu’il ne se iustifiast, & ne reiettast sur son
mauuais ministere la perte de Dixmude. Enfin cet illustre
persecuté trompa la fortune, lors qu’ayant connu la iustice
de nostre party, il vint offrir à l’Auguste Senat de Paris ses
biens & sa vie qu’il a si glorieusement sacrifiée pour le public.
Il auoit perdu les places où il auoit commandé, mais
il se resolut de garder Charanton, ou du moins de ne pas suruiure
à sa perte. Pour fortifier vn village de si mauuaise garde,
il apporta tous les soins imaginables, mais comme si
l’hyuer se fut entendu auec son mauuais destin, les gelées
furent si rudes & si longues, qu’il ne peut auancer ses trauaux
comme il s’estoit proposé, il fut donc attaqué comme
tout le monde sçait, par les troupes les plus considerables
des ennemis, qui estoient en bataille pour empescher vn secours
qu’il auoit raison d’attendre, & dont il n’eut pas eu
besoin, si les autres postes eussent esté aussi bien deffendus
que le sien. C’est là veritablement qu’il fit voir qu’il auoit
accoustumé de perdre les places ou il commandoit, mais
qu’il ne les perdoit pas par sa faute. Iamais homme ne se defendit
mieux, & ne tua plus d’ennemis en si peu de temps ;
celuy-là mesme qui vouloit tenter son courage, & qui luy
offroit quartier, sentit la pesanteur de ses derniers coups, &
mourut en luy offrant vne vie qu’il estimoit honteuse. Si le
Christianisme me permet de dire qu’il y a de nobles desespoirs,
celuy de Monsieur de Clanleu est digne d’vn eternel
souuenir, il pouuoit viure, mais il ne pouuoit pas garder
Charanton, il estoit sage aussi bien que courageux, il sçauoit
le iugement qu’eut fait le peuple, s’il eut suruescu à la perte
d’vne place attaquée par S. A. R. à qui il auoit esté, & quoy
que ses playes qui estoient aussi grandes que son corps le
peussent assez iustifiier, il se rendit luy mesme vn iugement
plus seuere que les autres. Il estoit François, il voulut mourir
en France, & pour la France contre vn Sicilien, des Allemands,
des Polonois, il estoit homme de bien, il voulut
mourir contre des voleurs, & des impies. Enfin il mourut