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Mazarinade n° B_4_13

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Anonyme [1649], LETTRE D’VN GENTIL-HOMME A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_1866. Cote locale : B_4_13.


des raisons legitimes que son administration degeneroit en tyrannie,
& sur ce qu’il vouloit s’en seruir pour esleuer sa fortune
particuliere au prejudice des Loix, qui ne peuuent souffrir de
semblables vsurpations d’vn sujet à la diminution de la dignité
souueraine, elle fust persecutée par sa creature. Infailliblement,
Madame, vous ne serez pas exposée à de moindres trauerses,
si vous prenez auec trop d’attachement les interests de
la vostre, qui vous est beaucoup plus redeuable des aduantages
qu’il vous a pleu de luy procurer, si fort au dessus de sa naissance,
& si disproportiõnées aux qualitez que chacun recongnoist
en luy. Asseurément, Madame, vne plus longue perseuerance
seroit prise pour vn aueuglement qui vous attireroit vn iour
de sensibles remords, & vn eternel reproche : car des actions
des personnes telles qu’est Vostre Majesté, le temps n’en efface
iamais la memoire ; La vostre, Madame, vous fera ressouuenir
du desplaisir que cette mesme Reyne vostre belle-Mere
receust sur le sujet du Mareschal d’Ancre, de la mesme
nation qu’est le Cardinal Mazarin, qui gouuerne à present:
Les Princes formerent vn party qui triompha de son orgueil
& de sa vie, leurs desseins n’estoient pas appuyez sur vn si iuste
fondement, ny de la plus celebre Compagnie du monde, d’vn
Parlement qui a tousiours si bien merité de cette Couronne, &
du quel la prudence & les signalez & importans seruices joints
au pouuoir que les Roys luy ont attribué, rend les Arrests irreuocables.
Vous sçauez, Madame, ce qu’il a prononcé, &
& que les Princes qui se sont vnis à luy pour empescher qu’il
ne soit opprimé, ne sont point des esprits factieux : mais de
fidels tesmoins des sinceres intentions de cét illustre Corps,
qui a si candidement procedé dãs toutes les Conferences, que
l’on doit dire à on honneur, qu’il a gardé inuiolablement sa
foy, lors que vostre Ministre obseruoit si mal la sienne. Il est
vray, Madame, qu’il ne s’en faut pas estonner, puis qu’il n’y a
hõme viuant qui puisse se vanter qu’il luy aye tenu aucune des
paroles qu’il a données, ny receu aucune grace qui n’ait esté
mercenaire, ou que la necessité, ou la crainte n’aye exigée de
luy. Il auroit deu estre contant de s’estre comblé de richesses
aux despens de ce Royaume, & Vostre Majesté de l’auoir souffert