[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° B_4_13

Image de la page

Anonyme [1649], LETTRE D’VN GENTIL-HOMME A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_1866. Cote locale : B_4_13.


pour n’en estre pas informée, sans qu’il en procure la
ruyne par la diuision qu’il y a introduitte : Vostre Majesté se
feroit vn tort irreparable, si elle en tolleroit plus long temps
la durée : La guerre estrangere est continuée, parce qu’il ne l’a
pas voulu finir, elle est perilleuse sans doute, la fortune ayant
des reuers qu’il est difficile de preuoir, & quasi impossible d’en
destourner les effets ; mais il est asseuré & vniuersellement
creu, que ce n’est pas à comparaison de la ciuile, qui deschire
vn Estat dans toutes les parties qui la composent Iugez, Madame,
par la reuolution de l’Angleterre de ce que vous auez à
redouter en ce Royaume, qui n’en est separé que d’autant de
distance qu’il en faut pour plaindre leurs disgraces sans y participer :
profitez des mal-heurs qu’ils espreuuent, pendant que
les iustes mescontentemens des subjets du Roy vostre Fils,
ne sont point encore meslez des factions qui peuuent naistre,
ny des pensées que les succez font ordinairement conceuoir à
des esprits ambitieux, irritez par de longues souffrances. L’armée
qui est preste de s’opposer à celle qui soustient & deteste à
mesme temps l’authorité du Cardinal Mazarin, est composée
de prisonniers Illustres par leur vertu, qui ne leur a iamais permis
d’estre esclaues de son credit, pas mesmes dans les plus
noirs cachots où ils ont esté retenus. Ils sont animez contre luy,
Madame, mais c’est par vn principe qui doit estre generalement
approuué, puisqu’il a pour objet le salut de la Monarchie,
que son ignorance & ses meschantes intentions menacent
à tous momens d’vne cheute ineuitable. Sera-il possible,
Madame, que vous puissiez encore souffrir vn homme hay de
toute la terre, qui a conuerty les benedictions, & les acclamations
publiques que vous receuiez au cõmencement de vostre
Regence en des murmures continuels, qui marquent cõbien les
cœurs sont alienez des sentimens qu’ils auoiẽt pour vostre Majesté.
Vn moyen asseuré, Madame, pour que vous soyez éclaircie
quelles sont les inclinations du Cardinal Mazarin, c’est que
vous consideriez ceux ausquels il se confie & les personnes qu’il
rejette, & vous trouuerez que ses partisans sont des gens corrompus
& sans merite, & que les autres qu’il ne veut point
approcher, ne luy sont indifferens ou desagreables, que parce