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Mazarinade n° C_3_20

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Anonyme [1649], LETTRE D’VN FAMEVX COVRTISAN A LA PLVS ILLVSTRE COQVETTE DV MONDE. , françaisRéférence RIM : M0_1864. Cote locale : C_3_20.


ait droit de flater & de mesdire en faueur de qui
bon me semble, ie ne laisse pourtant pas de desaprouuer
le vice & d’estimer la vertu, tout autant que la iustice
de la cause me le peut permettre. Enfin, quelque aduantage
qu’il m’en sçache arriuer, ie ne sçaurois iamais dire
du bien d’vne personne si elle ne le merite pas, & si la
raison ne me porte à luy rendre ce bon office. Si vos volontez
dependoient des miẽnes, vous seriez moins connuë
& plus aimée, & ceux que vous deuez considerer,
seroient aussi glorieux de vostre honneur, qu’ils sont
maintenant honteux de vostre infamie. Vos caprices
surprenent l’adresse des plus galans, & sans considerer
que la moindre des indulgences peut effacer l’enormité
de vos pechez, de quelque importance qu’ils puissent
estre, vous desesperez de vostre salut, & de la misericorde
de celuy qui peut absoudre toutes sortes de crimes.
Ce n’est pas qu’il faille offenser Dieu sous esperance de
misericorde, si l’on ne veut augmenter le nombre des reprouuez,
selon les meilleurs Casuistes du monde. Pardonnez
moy, Madame, si ie vous parle si librement. La
flaterie est vn vice qui n’a point d’accez auec mon humeur.
Et certes quand vous seriez la Reyne de tout l’Vniuers,
le respect & la crainte ne m’obligeroit pas à trahir
mes pensées, & moins à consentir à la perte de vostre
reputation, afin de n’estre pas obligé de faire vne penitence
trop seuere du bien que ie procure à vne Dame, de
laquelle ie cheris le visage & deteste la conduite.
 

FIN.