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Mazarinade n° A_1_7

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Anonyme [1649 [?]], Lettre d’vn Bourgeois de Paris estant à la Cour, envoyée à Paris, à vn sien amy, le 26 Ianvier 1649: Sur le sujet des présens mouvemens. , françaisRéférence RIM : M0_1855. Cote locale : A_1_7.


& en peu de temps ils connoistront, qu’il y a grande différance
entre payer la taille au Roy & soûtenir vne guerre civile :
tout le faix tombera sur la ville de Paris : les autres villes sont en
liberté à leur aise, en demeurans dans l’obéïssance du Roy. Ces
Sénateurs qui devroyent estre plus sages que les autres & servir
d’exemple aux sujets du Roy pour bien obeïr, qui ne dévroyent
se mesler que de rendre la justice, veulent entreprendre de gouverner
vn Estat comme celui de France : ils font bien voir qu’ils
sont bien nouveaux en cette matiére : ils feroyent bien mieux de
se mesler de juger leurs procez, que d’entreprendre l’administration
d’vn Royaume où ils n’entendent rien. Ils servent bien
l’Espagne, qui leur aura vne grande obligation de ce qu’ils lui
donnent moyen de regangner toutes les places qu’elle a perduës,
& de nous faire bien du mal. Les ennemis seront bien aises
de se voir délivrez de nos gens de guerre qui estoyent dans leur
pays : ils estoyent bien pressez, & je sçay qu’ils estoyent asseurément
& véritablement en résolution de conclure la paix, si tous
ces mouvements ne fussent point arrivez. Voila le bien que nos
bourgeois de Paris reçoivent de la conduite de ses bons Sénateurs,
la ruïne de leur famille, la cessation du commerce, la nécessité
& la misére, au lieu des graces qu’ils pouvoyent recevoir de leur
Roy. Mais enfin ils peuvent finir tous leurs maux : je suis bien
asseuré qu’ils seront receus en grace quand ils voudront : qu’ils ne
différent pas, & qu’ils considérent que tous ces Généraux qui ont
mis leur argent dans leurs bources, ont chacun leur intérest particulier
à poursuivre, & qu’il ne faut pas qu’ils appuyent leurs demandes
qui vont à la ruyne de l’Estat. Ils se joüent d’eux quand
ils parlent du bien public, & de leur soulagement : ce sont des discours
qui ne passent pas les lévres, & qu’ils font pour couvrir
leurs mauvaises intentions. Ie m’asseure, Monsieur, que vous
estes si bon François, & que vous aimez tant nos concitoyens &
bons bourgeois de Paris que vous leur ferez part de mes pensées
qui sont naïfves & véritables, & qui viennent d’vn cœur plain
d’affection pour leur salut & leur liberté qui est en leurs mains :
Comme je suis, Monsieur, &c.
 

Imprimé A S. GERMAIN EN LAYE.

M. DC. XLIX.
AVEC PRIVILEGE DV ROY.