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Mazarinade n° C_3_31

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Anonyme [1649], LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL. , français, latinRéférence RIM : M0_1837. Cote locale : C_3_31.


mains en vostre sang ? qui ne demandoient pas moins que huict
Conseillers & quatres Presidens à leur choix, pour les immoler
à leur fureur comme des victimes ; & vous comment pourrez
vous les regarder de bon œil ? serez-vous tousiours dans la défiance,
ou tousiours en armes, cela ne se peut faire. Et le peuple
qui n’aura peut-estre pas tant de retenuë que vous, pourra-t’il
voir de ses yeux des gens qui ont exercé tous les actes d’hostilité
imaginable sur tout ce qui luy appartenoit ? qui ont publié
par tout qu’ils ne metteroient iamais les armes bas qu’aprés
auoir fait vn village de Paris, & reduit les Bourgeois à aller
la corde au col demander pardon, qui en ont proposé le pillage
à leurs soldats, au lieu de solde & d’autres recompenses, qui
authorisent le viol, les larcins, & les sacrileges : & eux pourront-ils
voir des Bourgeois qui leur ont fait la nique, & qui leur ont
appris en tant de rencontres, qu’ils auoient plus de courage qu eux
& moins de temerité, aprés tant de libelles qu’ils ont fait publier,
où ils ont descouuert leur infamie & l’énormité de leurs crimes,
enfin aprés les auoir fait démentir de ce qu’ils se sont si insolemment
vantez. Ie ne dis rien des autres Parlemens, auec qui vous
auez fait alliance, ie ne parle point des gens de guerre que vous
faites venir, ny des Seigneurs que vous auez engagez en vostre
party ; ils ne sçauroient faire de paix s’ils ne la donnent, il est important
& pour eux & pour vous qu’ils subsistent, & cela estant
ie consens tres-librement à la paix, tout le monde aura suiet de se
resioüir, & de benir Dieu pour le soin que vous aurez eu d’vn
pauure estat desolé, autrement mourons plustost que de rentrer
dans la seruitude qui ne sçauroit estre que plus rigoureuse que la
mort. Nomen pacis dulce est, & ipsa res salutaris ; sed inter pacem
& seruitutem plurimum interest. Pax est tranquilla libertas ; seruitus
malorum omnium postremum, non modò bello sed etiam morte repellendum.
 
La 3. raison
que la paix
ne se peut
faire.
Mais aprés tout, dira-t’on il faudra que le Roy soit le Maistre :
ie l’auouë, & personne ne le luy dispute. La Reyne veut restablir
son authorité qu’elle pretend estre fort lezée en tous ces grabuges ;
elle le veut rendre absolu au point qu’il estoit quand elle a pris la
Regence : les Roys ne prennent point la loy de leurs Subiets,
mais les Subiets de leurs Roys ; & faut tost ou tard qu’ils se rendent
obeïssans. Qui est-ce qui doute de cela ? mais il y a biẽ à distinguer
entre la puissãce d’vn Roy maieur, & de celle de ses Ministres