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Mazarinade n° A_5_76

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Anonyme [1649], LETTRE DV ROY HENRY IV. en Bronze, du Pont neuf, A SON FILS LOVIS XIII. de la Place Royale. , françaisRéférence RIM : M0_2194. Cote locale : A_5_76.

de ceux qui la voudroient executer, & que l’Espagne
auec toutes ses puissances, se trouueroit trop
foible pour former raisonnablement vn dessein de
cette importance ; outre que ie sçay par combien de
pertes, moy, & puis vous, l’auons affoiblie, & que tant
de triomphes remportez sur elle, ont mis la France en
estat de la faire trembler, bien loin d’en craindre
quelque chose : Ces raisons ont dissippé mes premieres
apprehensions, mais d’autres considerations me
rameinent de nouuelles craintes, & possible que c’est
auec trop de iustice que ce soucy se recueille tres-fortement
en moy. Ce n’est pas d’aujourd’huy que i’ay
preueu d’infaillibles desordres, par le trop de puissance
qui depuis moy a esté mise entre les mains des Ministres
d’Estat, lesquels en abusent le plus souuent : Et
certes (s’il y a quelque chose à souhaitter dans vostre
regne) il faut que ie vous die, mon Fils, que vostre
bonté auoit trop esleué le Cardinal de Richelieu, &
luy auoit souffert prendre trop de credit, il s’en est
préualu sans doute beaucoup, & quoy que l’on aye
remarqué sa passion pour l’interest de l’honneur de la
France, l’on ne sçauroit neant moins douter, que pour
vouloir trop agrandir le corps de cét Estat, il ne l’aye
bien amaigry, & il est trop vray qu’il a miné des fondemens
pour le rehausser. Toutesfois sa naissance n’estoit
pas odieuse, & l’issuë de ses entreprises sert à sa iustification,
& les grandes choses que son Genie, veritablement
extraordinaire, a sceu conduire pour nos
aduantages, & dedans & dehors le Royaume, doiuent
en quelque façon rendre plus supportable la dissipation