[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° B_11_29

Image de la page

Anonyme [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DV PARLEMENT, CONTENANT Ce qui s’est passé pour l’esloignement du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1351. Cote locale : B_11_29.



Que le silence seroit criminel, où l’obligation de parler
est si pressante ; que sans manquer à ce que la Compagnie deuoit
à Sa Majesté, elle n’auroit pû differer plus long-temps
de l’aduertir de quelle importance il luy estoit de tenir le Cardinal
Mazarin esloigné, non seulement de ses Conseils, & de
toute l’estenduë des Terres de son obeïssance, mais aussi des
Frontieres de son Estat, d’où l’on luy a veu exciter tant de
tempestes.
Que l’on pouuoit dire, qu’il n’y a rien en quoy la veritable
authorité de Sa Majesté, & le repos de ses Sujets, se trouuent
plus interessez qu’en ce retour, dont le bruit espandu
trouble toutes ses Prouinces, qui ne peuuent sans vne extrême
apprehension, voir reuenir vn homme que Sa Majesté a
si publiquement condamné, & contre lequel tous les bons
François s’esleuent comme contre leur ennemy commun, la
seule cause, le seul pretexte de la desolation, dont cét Estat
est menacé.
Que ce retour est vne action tellement contraire à la volonté
de Sa Majesté, si precisement declarée touchant sa personne
& sa conduite, que ce seroit vn sujet de reproche eternel
à tous ceux qui ne s’y seront pas fortement opposez. Aussi
ce conseil n’a pû estre donné que par des gens, qui preferent
leurs interests particuliers & la vaine imagination de leur
fortune domestique, à la gloire de Sa Majesté, & à la tranquilité
de ce Royaume.
Qu’apres la Declaration du sixiéme de Septembre dernier,
quand le Cardinal Mazarin auroit toutes les qualitez de la
sagesse, du sçauoir & du bon-heur, il seroit honteux de l’appeller
dans les Conseils, & dangereux de s’en seruir. Qu’il y
auroit de la honte, qu’au premier & plus puissant Royaume
du monde, qu’en la France remplie de tant de grands hommes,
de tant de capables & d’illustres Sujets, & de reputation
entiere, l’on se vit encore assujetty au Ministere d’vn Estranger,
pour qui l’on n’a plus de respect ny d’est me, & à qui
l’on peut iustement reprocher tant de fautes, & de si malheureux
Conseils, que ceux pour lesquels Sa Majesté l’a legitimement