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Mazarinade n° A_7_36

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Anonyme [1649 [?]], LES SOVHAITS DE LA FRANCE A M. MONSEIGNEVR LE DVC D’ANGOVLESME. , françaisRéférence RIM : M0_3700. Cote locale : A_7_36.


& quoy qu’il puisse arriuer, elle veut demeurer ferme & constante
dans le deuoir & l’obeïssance qu’elle doit à son Souuerain. C’est-là
toute l’ambition de Messieurs du Parlemẽt. Ils detestent & condamnent
toutes les vsurpations, soit qu’elles ayent esté heureuses, soit
que le succez en ait esté funeste. Ils ont mesme en horreur l’establissement
de la Republique Romaine, qui n’a pas commencé si
heureusement qu’eux, comme aussi les Suisses, qui ne se sont pas
liguez auec tant d’auantage, & mesme les Estats de Hollande, &
les Parlementaires d’Angleterre, qui n’ont pas agy auec tant de
force, n’y auec vne conduite pareille à la leur. Ils ne trauaillent
que pour soustenir la grandeur & la dignité de cette Couronne, &
pour rendre eternelle la Monarchie Françoise, qui est si bien establie,
qu’à vray dire, elle ne peut perir que par elle-mesme, & par la
diuision du peuple.
 
GRAND PRINCE, agissez donc noblement, & de toute vostre
force, comme ie vous en coniure, par les cris, les larmes, & le sang
d’vne infinité de miserables ; & faites en sorte qu’il arriue la mesme
chose aux François, qui arriua autrefois aux Espãgnols. Ils estoient
diuisez, & auoient peine à supporter la domination des Allemans,
& à souffrir l’humeur de Charles le Quint. Vne guerre ciuile s’estoit
cruellement allumée en Castille, & à dire vray, elle y eust causé vne
épouuentable desolation, si l’armée Frãçoise, qui fut enuoyé pour la
conqueste de Nauarre, se fust contentée d’auoir pris Pampelune, &
triomphé en quinze iours de tout ce Royaume, mais l’imprudence
& l’auarice de ceux qui commandoient les porta à entrer hostilement
en Espagne, où ils ne firent autre progrez que de reünir les
Espagnols diuisez, esteindre des animositez domestiques, & mettre
fin à vne guerre sanglante, qui sans doute eust ruiné les affaires
de l’Empereur, & donné en proye toute l’Espagne, qui en vn iour
victorieux reconquit tout vn Royaume, & donna vne chasse honteuse
aux François.
Et apres que tout les esprits se seront reconciliez, & la Cour & le
Palais estans bien d’accord, toutes les trouppes Françoises iront
fondre en Flandre, & forceront l’Espagne mesme de redemander
vne seconde fois la Paix ; & vous aurez le contentement d’auoir essuyé
mes larmes, & mis fin à mes déplaisirs, & la satisfaction d’auoir
beaucoup contribué au repos public, & rendu la seureté & l’abondance
à tous les François, qui auront tout le ressentiment qu’on
peut auoir d’vne si parfaite obligation.

FIN.