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Mazarinade n° A_7_21

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Anonyme [1649], LES SENTIMENS D’ARISTIDE, Sur les affaires Publiques. , françaisRéférence RIM : M0_3647. Cote locale : A_7_21.


aussi ont ils tousiours reietté les moyens de fraude qui leur estoient
proposez, pour l’accroissement de leur Republique. Ces sages Politiques
sçauoient bien que la fourbe fait perdre toute creance, &
qu’ordinairement elle produit ses plus fascheux effets sur ses propres
autheurs : il y en a vne infinité d’exemples dans les Histoires,
particulierement en celle de France, & i’estime qu’auiourd’huy
le Cardinal Mazarin l’esprouue en sa personne, les choses passées
feront tousiours craindre l’aduenir, & maintenant qu’il se dit Seruiteur
& amy du Parlement & du peuple, ie ne pense pas qu’il y ait personne
qui le croye & qui ne se deffie tousiours d’vn Italien reconcilié :
toute sa procedure n’est qu’vn tissu de fourbes, les propositions les plus
specieuses ne sont qu’vn piege, & vn feu caché d’vn peu de cendre qui
se ralumera si-tost que les affaires seront au point qu’il les demande.
 
Ie ne le blasme pas d’auoir trouué son contrepoids entre les deux premiers
Princes, & c’est ce qui l’a empesché de tomber, & luy a esté encores
auantageux de rejetter sur vn autre autant qu’il a pû, tous les
crimes qui se sont commis & tout le mal qui s’est fait, & de s’estre voulu
descharger d’vne partie de la haine qu’on auoit pour luy sur vne
personne plus considerable : le Cardinal de Richelieu s’est seruy adroittement
de cet artifice en deux ou trois rencontres, mais il se seroit bien
donné garde de vouloir perdre Paris, il n’y a qu’vn Estranger qui puisse
auoir cette pensée ; mais quand le Cardinal de Richelieu auroit eu
ce dessein, il ne se seroit iamais seruy de la force ouuerte, car c’est tenter
l’impossible à moins que de risquer euidemment tout le Royaume.
C’est encores bien iustement que le Cardinal Mazarin craignoit que
les Barricades ne fussent immediatement suiuies de l’Arrest rendu le 8.
Ianuier, & qui fut preuenu par la Conference : vray-semblablement
il eust esté contraint de ceder, & n’eust pas eu le temps de se premunir
ainsi qu’il a fait & autant qu’il a pû contre cet orage, qui dés ce temps-là
s’estoit esleué pour le perdre. Il a abusé de la procedure sincere du
Parlement, & tout ce dont il se peut vanter, c’est d’auoir trompé des
gens de bien : que si leur retenuë & leur prudence à retardé l’auancement
des affaires, ils n’en sont point coupables, & c’est en cela qu’il ne
faut pas iuger par les Euenemens ; car i’aduouë que comme cette importante
affaire a donné à toute la France, l’Esperance d’vne prompte
reformation dans l’Estat, & la Paix Generale, d’abord tout sembloit
conspirer à ce dessein, & maintenant on iuge bien que si tous les
esprits n’eussent eu que la pensée du bien public, sans y mesler leurs interests
qu’il y auroit vne solide paix. Ce n’est pas mon dessein d’examiner
les raisons de tout ce qui s’est passé, si dans l’esperance d’vn accommodement,
on a bien fait de n’aigrir pas les affaires, & de n’enuoyer
pas si tost les Lettres circulaires, si l’on a deub mettre hors la ville,
les bouches inutiles ou non. Si dans le commencement on a pû empescher
le blocus de Paris, & conseruer les passages les plus importans,
si la leuée des gens de guerre a respondu à beaucoup pres à la leuée des