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Mazarinade n° C_6_26

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Anonyme [1649], LES MOTIFS DE L’VNION DV BOVRGEOIS DE PARIS, AVEC LE PARLEMENT, REPRESENTEZ A LA REYNE, Seruans de response aux Libelles jettez dans Paris. Où est descouuerte la fausse Politique des deux Ministres Cardinaux. , françaisRéférence RIM : M0_2500. Cote locale : C_6_26.


de la France que les charges soient distribuées à ceux qui le meritent, & de ne pas
souffrir qu’vn Ministre en dispose à sa volonté, pour entretenir les esprits de ceux qui
se monstrent assez lasches pour se rendre ses idolatres, & fauoriser ses iniustes desseins,
afin qu’il puisse s’asseurer que sa fortune ne dépend plus de la bonne volonté du
Roy, mais des creatures qu’il a faites qui se trouuent reuestuës des plus importantes
charges de l’Estat ? Quand à la disgrace de cet illustre Prelat, elle n’a pû encores estre
oubliée par tous les bons subjets du Royaume, qui ne doutent pas qu’elle vous paroistra,
Madame, aussi sensible qu’à eux, quand separée de cet audacieux Ministre vous
ferez reflexion qu’il n’a empesché que vous vous seruissiez des conseils de ce sage Prelat,
la sincerité du quel vous auiez si long temps esprouuée pendant vostre affliction,
& n’a procuré son esloignement, sinon parce qu’il auoit proposé de vous faire regner
heureusement, & de nous donner la paix, dont il vous descouurit les moyens trop ouuertement
à l’appetit de cet Estranger, qui ne cherchoit que la confusion & le desordre.
 
Mais quoy que ces raisons soient fort specieuses, nous ne croirons pourtant iamais
que ces nobles Magistrats ausquels ce Ministre Cardinal veut que nous ayons l’obligation
entiere de nostre liberation, & qui n’estiment rien moins que leurs propres interests :
puis qu’ils ont negligé les offres aduantageuses que ce Ministre leur a fait proposer
pour l’auancemẽt de leur fortune, ayent eu en tout leur procedé aucune consideratiõ
pour l’interest particulier de leurs familles. Et de faict, leurs discours n’ont iamais
paru animez que pour le public, lesquels il a luy-mesme trouué si equitables, qu’il
aduouë auoir procuré vne Declaration, que nous sçauons fort bien n’estre remplie
que des propositions que ces Magistrats, & tant d’autres illustres de cette noble Compagnie,
contre lesquels cet esprit artificieux n’a pû trouuer la moindre calomnie,
auoient fait auparauant ez Assemblées du Parlement, sur les memoires particuliers
qu’ils auoient des desordres de l’Estat : tant s’en faut qu’il puisse nous faire croire que
cette Declaration procede des effets de sa bonne volonté.
Apres quoy c’est en vain qu’il tasche de nous faire chercher ailleurs qu’en sa pernicieuse
conduite, la cause des troubles qui nous affligent, puis que nous sommes tesmoins
que la contrauention à la Declaration qu’il nous vante auiourd’huy, comme le
gage de son affectiõ enuers nous, a esté le suiet des dernieres Assemblées du Parlement,
& que ces Assemblées, parce qu’elles alloient au soulagement du peuple, auquel il
n’a iamais voulu entendre, a esté la cause de sa haine, & la raison pourquoy il a excité
vostre colere contre nous ; dont il ne se peut purger, puis qu’il n’a pû remarquer autre
subjet de l’émotion qu’il a allumée si legerement dans le Royaume, & qu’il ne peut
maintenant esteindre qu’auec son sang, que toute la France demande pour expier les
maluersations, dont il est si euidemment conuaincu. Et partant qu’il cesse de nous vanter
sa modestie & sa retenuë, en nous publiant qu’il ne possede en France aucune seigneurie
de remarque, puis que c’est ce dont nous nous plaignons, & qu’en diuertissant
nos Finances hors du Royaume, les subjets n’en peuuent plus profiter en quelque façon
que ce soit ; qu’il abandonne sa pretention de paroistre innocent deuant nous, puis
que ses fourbes nous sont trop notoires, & qu’il ne croye pas sous de vaines apparences
nous faire abandonner les veritables interests de nostre Roy & de nostre pays.
Ouy, Madame, nous vous declarons qu’en prenant les armes, ainsi que nous auons
fait, ce n’a esté à autre dessein que pour deffendre les interests de nostre Roy, qui sont
aussi les vostres, puis que vous deuez y prendre part contre les vsurpations & mauuais
conseils de ce faux Ministre : & nous esperons que Dieu fauorisera nos desseins, puis