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Mazarinade n° B_11_35

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Anonyme [1652], LES CONFERANCES DV CARDINAL MAZARIN AVEC VN DE SES PLVS GRANDS CONFIDENTS, TENVES A S. DENIS EN FRANCE auant son depart, I. Il represente toute l’histoire de sa vie, depuis son arriuée en France iusques à present. II. Les trauerses qui luy sont arriuez, tant par Messieurs les Princes, que des iugemens contre luy rendus par Messieurs de Parlement. III. Les deffences qu’il a exercée, & exercent contre ceux qui luy en veulent. Ensemble les responses du Confident du Cardinal Mazarin, luy representant les malheurs qui luy pourroient arriuer cy-apres, sur toutes les articles par luy proposée en ces rencontres. , françaisRéférence RIM : M0_746. Cote locale : B_11_35.


mains tout le bon-heur de l’Europe ? N’a-telle iamais
eu horreur de tant de sang respandu, de tant d’Eglises
prophanées, elle qui est vn Prince de l’Eglise ; & d’vne
misere vniuerselle, capable d’attendrir les marbres &
les rochers ? Vostre Eminence n’a t’elle iamais eu vn
mouuement de pitié pour ce pauure peuple François,
qui souffroit le joug auec tant d’obeїssance, & qui vous
adoroit comme le Demon tutelaire de sa Nation ?
 
le Cardinal. Vous me comptez-là de belles fadaises,
ces sentimens là sont bons à des ames molles & à des
bigots.
Response. Mais ne croyez-vous pas en vn Dieu, Monseigneur.
Le Cardinal. Oüy dea, mais ie crois que s’il prend part
aux choses d’icy-bas, il illumine ceux qui y president.
Response.Vous voudriez donc rendre Dieu autheur
du mal.
Le Cardinal. Brisez là Monsieur, ie vois bien que
vous n’estes que Theologien.
Response. Bien, ie veux entrer en vos sentimens à cette
heure. Si tout vostre but estoit de vous enrichir, l’Espagne
vous eust donné deuant sa paix auec les Estats de
Hollande, tout ce que vous eussiez souhaitté pour la
faire auecques la France ; Et le Roy d’Angletere, que
ne vous auroit-il pas donné, dans l’esperance qu’il
auoit que la paix generale estant concluë les Princes
de deçà fussent venus le secourir ?
le Cardinal. I’ay bien eu cette pensée-là, mais i’attendois
que la Reyne d’Angleterre m’eust demandé vne
de mes Niepces en mariage pour le Prince de Galles. Ie
les enuoyay vne fois toutes trois expres à sainct Germain,
pour faire connoissance auec la Reyne d’Angleterre.
Response. Ce mariage-là n’eust pas esté au dessous de
vostre Eminence. Mais il me semble que sans cela vous
ne deuiez pas laisser eschaper cette belle occasion de