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Mazarinade n° A_2_3

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Anonyme [1649], APOLOGIE POVR MONSEIGNEVR LE CARDINAL MAZARIN, TIREE D'VNE CONFERENCE ENTRE SON EMINENCE ET Monsieur ****** homme de probité & excellent Casuiste. , françaisRéférence RIM : M0_127. Cote locale : A_2_3.


mes mesures, & pour tirer de Paris petit à petit les richesses que moy & mes
adherants y auoient.
 
Le Casuiste. Il semble pourtant, Monseigneur, que vostre Eminence eut
bon dessein, de s’accommoder auec le Parlement, & soulager le peuple.
Le Card. Il est vray que ie leur accorday vne Declaration qui contenoit la
reforme des desordres publics ; mais c’estoit bien loing de ma pensée qu’elle
fut mise, en execution : car, si vous vous en souuenez, elle fust aussi-tost enfreinte
que publiée, & toutes les Conferences que ie fis faire deuant & apres,
ne tendoient qu’à esbloüir ces grandes lumieres du Parlement par vne apparence
de bonne intention.
Le Casuiste. Cette toile-là n’estoit qu’vne toile d’araignée, ils ne voyoient
que trop clair dans vos desseins : mais ils estoient bien-aises de vous faire cracher
tout vostre venin, pour en composer vn antidote contre de plus grandes
attaques. Car c’est toutes ces fourberies qui ont acheué de vous ruïner
dans l’esprit du peuple & des gens de probité : Et de cette Declaration que
vous addressastes à la Chãbre des Comptes, quel conseil estoit-ce encore-là ?
Le Card. C’estoit vn coup d’importance s’il eust reüssi, & ce fut pourquoy
ie leur accorday la premiere Declaration : & leur eusse bien encore accordé
dauantage, pour obtenir celle-cy. Car en restablissant l’vsage des prests
& des auances, & le credit des gens d’affaires, ie pouuois tirer vne bonne
somme d’argent en peu de temps, pour executer le dessein que ie meditois,
& foüetter Paris de ses propres verges.
Le Casuiste. Cela pourtant vous a mal reüssi.
Le Card. Ie n’ay pas laissé pourtant d’en tirer pied ou aisle.
Le Casuiste. Ne vous tardoit-il pas bien, Monseigneur, de sortir de Paris ?
Le Card. Oüy vrayement, & n’eust esté l’argent ie n’y serois pas reuenu
dés la premiere sortie ; mais cette leuée de bouclier des Parisiens vous surprit
vn peu. Ie n’aimois pas aussi d’entendre abbayer apres moy ces harangeres, &
le reste de la populace, qui ne me promettoit riẽ de bon ; outre que nostre vray
jeu estoit de commencer d’inuestir Paris au commencement de l’Hyuer :
car le Printemps venu, nos affaires sont faites, le sang boüillira dans les veines,
les ennemis de dehors nous attaqueront, & l’argent nous manquera.
Le Casuiste. Mais, Monseigneur, pour le faire court, vous sortistes de
Paris la veille des Roys, & pourquoy ce iour-là ?
Le Card. C’estoit nostre feste, le Roy en estoit vn, car du moins luy en
faut-il laisser le nom, moy l’autre, & Monsieur le Prince le troisiéme, car
ie ne sçaurois ranger cét esprit-là, & particulierement depuis que i’ay affaire
de luy ; mais quelque mousquetade m’en deffera, s’il plaist à Dieu.
Le Casuiste. Vous fistes sortir le Roy sans tambour & sans trompette.
Le Card. Oüy, il falloit le faire publier au Prosne, Pour attirer encore trois
cent mille hommes au Palais Royal. C’estoit le plus grand plaisir de prendre
toutes ces femmes au lict dans leur premier somme(car personne n’en sçauoit
rien le soir precedent) ie pris moy mesme la peine de les aller esueiller dans
toutes les chambres, ne voulant pas m’en fier aux filles de chambre, j’heurtois
à leurs portes comme vn perdu, & criois, Ouurez de par le Roy, à d’autres