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Mazarinade n° D_1_20

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Anonyme [1650], ADVIS SVR LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M2_36. Cote locale : D_1_20.


Ministere ; & prestez l’oreille aux murmures publics qui s’éleuent à
tout moment contre le Cardinal Mazarin, dont on ne peut supporter
la façon d’agir entierement contraire à celle de nostre Nation :
le ne touche point à sa vie, ie la croy sans reproche outre que sa
dignité le met au dessus de toutes sortes d’atteintes : Ie ne veux pas
dire comme le vulgaire, qu’il a emporté tous les deniers de la France
en Italie ; qu’on ne voit que des Louis dans Rome, & que ses
Compatriotes les ont nommez des Mazarins : Ie ne diray pas qu’il
empesche la paix pour s’affermir pendant la guerre, & qu’il medite
parmy nous des establissemens, dont la seule pensée fait peut à ceux
qui ont de la peine à supporter vne domination Estrangere. Mais ie
vous prie, examinez sans passion chaque Courtisan en particulier,
& cas que tous ne crient & ne protestent qu’il espuise par ses longueurs
la bourse de tous ceux qui luy font la court, & la patience
des plus sages, dites que ie suis vn meschant ; Ils vous aduoüeront,
(ie n’excepte pas ses plus intimes amis) que la lenteur auec laquelle
il fait du bien, rend ses ennemis ceux qui le reçoiuent, parce qu’ils
l’ont payé au double auant que de le receuoir : parce que les François
croyent qu’on les oblige deux fois quand on leur donne promptement ;
Estans accoustumez à la façon de viure des Ducs de Luynes
& de Richelieu, qui enuoyoient chercher les honnestes gens
chez eux pour leur faire du bien, & qui preuenoient les desirs de
ceux qui en meritoient. Que a difficulté qu’il y a à luy parler, est
ce qui a ruine dans les cœurs de toute la Noblesse l’affection qu’on
auroit iustement pour luy, si on le mesuroit par son zele pour
le bien de l’Estat. En vn mot, les promesses generales qu’il a
fait à tout le peuple, & l’inexecution dont tout le monde se plaint,
sont les raisons qui le feroient rester dépourueu d’amis & de creatures,
si la Reyne cessoit vn iour d’auoir la confiance qu’elle a en luy,
ou si le Roy deuenu Maieur prenoit d’autres brisees que sa Mere :
hé ! d’où vient tout cela, sinon des mœurs de son païs, ausquelles
voulant tousiours se tenir ferme ; il se conduit par des voyes entierement
opposees aux nostres.
 
Ie vous ay iustifié par les loix & par les exemples comment les
Estrangers ont esté bannis du maniement des affaires publiques.
Voicy succinctement les raisons sur lesquelles on leur a donné l’exclusion.