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Mazarinade n° C_3_49

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Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : C_3_49.


plustost que par le harsart d’vne bataille. Les Histoires
Romaines sont toutes pleines de semblables exemples ;
Car ce qui ruina les Carthaginois, le Roy Perseus, le
Roy Mithridates, ce qui abatit l’orgueil de Philippus
Roy de Macedoine, du grand Roy Antiochus & de tant
d’autres, fut qu’ils ne sceurent iamais accepter les bonnes
& raisonnables conditions de paix qui leur estoient
offertes par les Romains, & aimerent mieux experimenter
ce que peut la force fondée en bon droit ; le dis notamment
fondée en bon droit : car vne petite force qui
a le droict auec elle, abat bien souuent vne grande force
qui n’est pas fondée en bon droict. La raison est éuidente,
parce que celuy qui se sent auoir iuste cause de
faire guerre, & qui voit que son aduersaire se confiant
en ses forces, ne veut venir à aucune composition raisonnable,
redouble son courage & son ardeur, & combat
plus vaillamment que celuy qui est poussé d’vn orgueil,
plustost que d’vne generosité de cœur. Mais la
principale raison est, que Dieu, qui donne les victoires,
supporte tousiours le droict : & si quelques fois il semble
que le party le moins iuste l’emporte, il fait neantmoins
que l’issuë & la fin, selon laquelle il faut iuger, est pour
l’équité & la iustice.
 
Or si, comme il est aisé de iuger par ces exemples,
vn Prince doit tascher d’appaiser, par des conditions
honnestes, les guerres qu’il a contre les estrangers, auec
combien plus de raison doit-il faire tous ses efforts pour
assoupir les seditions & les mouuemens de ses peuples ?
Car pour ce qui est des guerres qu’il peut auoir auec des
estrangers, elles peuuent aucunement seruir pour entretenir
tousiours des gens agueris pour le besoin, &
& principalement quand les suiets du Prince sont naturellement
enclins à la guerre, comme est la nation Françoise ;
de peur que ne les employans pas en ce ou les porte
leur inclination, ils ne prennent les armes contr’eux-mesmes
& contre leur patrie, comme dit fort sagement