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Mazarinade n° D_1_14

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Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.



Ils courrent apres tels soldats,
Et qu’ils leurs rompent les deux bras.
 
9. Mars.
 
Le dix on sceut qu’en Normandie,
Pour ioindre à l’armée ennemie
Le Barron de Marré leuoit
Le plus de trouppes qu’il pouuoit :
Mais que Chamboy guerrier habille,
Lieutenant du grand Longueville,
Auec cinq ou six Cens cheuaux
Ayant poursuiuy ces Royaux ;
Sceut que dans le Chasteau de Chesne
Ces gens qu’on faisoit pour la Reine
Auoient eleu leur rendez vous.
Il y courut tout en courroux,
Et par vn plaisant artifice
Faisant faire alte à sa milice
Luy trentiesme quittant le gros
Vingt à Chesne tout à propos,
Où sans dire qu’il fust des nostres
Il fut receu comme les autres,
Qui beuuoient tous comme des trous,
Et qu’on tua comme des poux :
Car Chamboy s’estant fait connoistre
Se rendit aisement le Maistre,
Et les prit tous ou les tua,
Comme vn second Gargantua.
 
10. Mars.
 
Le Ieudy vint à l’audience
Auec des lettres de creance
Que dans sa poche il apporta,
Vn Deputé que deputta
Monsieur le Duc de la Trimoüille
Qui voulant empescher la roüille
De son courage Martial,
Monté dessus son grand cheual
Pour le secours de nostre ville,
Auoit leué prés de trois mille
La moitié grimpez sur roussins,
L’autre moitié des fantassins.
 
11. Mars.
 
La nuit les Trouppes ennemies
Que nous croyions estre endormiee,
Vinrent voir ce que nous faisions,
Et virent que nous acheuions
Nostre pont dessus la riuiere,
Ouurage qui ne leur pleut guere,
Et qu’elles eussent bien aimé
De voir de loing bien allumé :
Ce fut du costé de la Brie,
Que parut leur cauallerie
Qui vint reconnoistre ce pont ;
Mais son retour sut aussi prompt
qu’auoit esté son arriuée,
Heureuse de s’estre sauuée,
Puis qu’elle eust biẽ tost veu beau ieu ;
Les nostres affligez fort peu
D’auoir manqué cette couronne,
Et de n’anoir tué personne,
Veu que c’est vn acte cruel :
Et que l’on traittoit à Ruel.
 
 
D’où le lendemain retournerent,
Et des articles apporterent
Tous nos Messieurs les Deputez
Assez tard, mais assez crottez
Et dés ce iour les deux armées,
Se sont vniquement aimées,
Il n’est pas resté pour vn grain
De Frondeur ny de Mazarin.
 
12. Mars.
 
Samedy la Cour assemblée
Parut extremement troublée
D’apprendre que nos Generaux
N’auoient esté qu’en certains mots
Compris an traitté pacifique,
Sans auoir fourny de replique,
Veu que personne de leur part
N’auoit Contesté pour leur part.
Si bien qu’en cette conioncture,
Il fut dit qu’auant la lecture
De ce qu’on auoit arresté,
Derechef seroit deputé
Pour conferer des aduantages
De ces illustres personnages,
Et de tous les interessez,
Tant qu’ils eussent dit c’est assez,
qu’on supplieroit le Roy de mettre
En vne seule & mesme lettre.
 
13. Mars.
 
Ce iour on eut aduis certain
que Monsieur du Plessis-Praslain
Auoit des trouppes ennemies
Fait vn amas des mieux choisies,
Pour s’opposer à l Archiduc
qui s’auançoit d’vn pas caduc,
Et de qui la desmarche lente
Ne doit pas moins d’espouuante.
 
14. Mars.
 
Le Dimanche les Deputez
En carrosse estoient la montez,
quand lettre du Roy fut receuë
En termes absolus conceue,