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Mazarinade n° C_1_31

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D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE CONSEILLER FIDELE. , françaisRéférence RIM : M0_764. Cote locale : C_1_31.


des Augustes, & des Alexandres, ne furent
gueres plus feconds ny plus heureux en hommes
sçauans ; qu’il a reconnu tous les excellens ouuriers
par des pensions ou par des caresses glorieuses, &
qu’il n’est point d’artisant fameux qui ne luy soit redeuable
de quelque auantage. Mais dans le gouuernement
du Cardinal d’aujourd’huy, les Muses n’auroient
pas esté ny plus ridicules, ny plus descriées,
quand on auroit basty les petites maisons pour les
renfermer, & quand le Parnasse n’auroit esté qu’vn
hospital de fous & de folles. Les plus illustres ouuriers
meurent de faim sur leurs chef-d’œuures ; les Poëtes,
les Orateurs, & les Philosophes ne comptent que
le Cardinal Mazarin & la fortune entre leurs ennemis
irreconciliables, & se voyent bannis d’où l’on
n’appelle que les ioüeurs de Hoc & de Tric-Trac,
que des farçeurs & des saltinr banques.
 
Il ne faut donc plus s’estonner que le Parlement
ait eu des arrests contre vn Ministre qui hors la peste,
nous enuoye tous les fleaux de Dieu, qui veut
que la famine succede à la guerre, & que la rage soit
le derniers de ses dons & de nos supplices. Veritablement
vne si auguste compagnie ne pouuoit plus
glorieusement trauailler à nostre salut, puis que c’est
estre Dieu à l’homme que d’aider à l’homme, comme
dit Pline, que c’est estre comme le fils du tres-haut,
au rapport de Salomon, que de deliurer celuy
qui souffre quelque iniustice, & que c’est pour cette
raison que les Iuges sont appellez Dieux dedans
l’Escriture.