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Mazarinade n° E_1_124

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D. B. [signé] / Cyrano de Bergerac, Savinien de [?] [1649], LE CONSEILLER FIDELE. , françaisRéférence RIM : M0_764. Cote locale : E_1_124.


auons pour nostre païs, est vne passion naturelle
qu’on ne peut arracher qu’auec nos entrailles, &
celuy qui disoit que le Sage treuuoit sa patrie où il
rencontroit son bien, n’estoit pas sage, & ne connoissoit
point sa patrie. C’est vne sagesse qui n’est
qu’en idée, comme la Republique de Platon, &
c’est proprement cesser d’estre homme pour s’efforcer
d’estre Philosophe. Dans cét amour qui est imprimé
dans nostre sang & dans nostre cœur, & qui
fait vne partie de nous mesmes, le fauory qui est nay
sujet du Prince qui le carresse & qui l’estime, ne
profite point de ses faueurs sans les rendre vtiles à
ceux de son païs mesme, & s’il arriue qu’il esleue
quelques maisons sur la ruine de quelques familles,
comme la generation de l’vn est la corruption de
l’autre dans la nature, les biens qu’il amasse ou qu’il
distribuë ne passent point les frontieres de son souuerain ;
les particuliers en tirent tousiours quelque
fruit, ses parens, ses amis, & ses domestiques y pretendent
tousiours quelque part, & la ville qui la veu
naistre en a pour le moins de l’honneur & du credit,
& s’en promet tousiours quelque priuilege & quelque
grace. Il en est tout au contraire d’vn estranger
quand il possede l’oreille d’vn Prince. Comme le retour
dans son païs est ordinairement son esperance
la plus grande & la plus secrette ; quelque artifice
qu’il employe à se déguiser, qu’il ne combat que
pour la retraitte, qu’il ne peut oublier ny ses amis
ny ses proches, ou qu’il trauaille à la gloire de son