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Mazarinade n° D_1_6

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Baltasard, Christophle [1645], TRAITTÉ DES VSVRPATIONS DES ROYS D’ESPAGNE, SVR LA COVRONNE DE FRANCE, Depuis le Regne de Charles huictiesme. ENSEMBLE VN DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, progrez, declin, & démembrement de la Monarchie Françoise, droicts, & pretentions des Roys Tres-Chrestiens sur l’Empire. AVGMENTÉ D’VN SOMMAIRE DES DROICTS de ceste Couronne, sur les Comtez de Bourgongne, Cambray, Haynault, de Genes & Luxembourg. ET LES VICTOIRES ET CONQVESTES DES ROYS LOVIS XIII. dit le IVSTE, & de LOVIS XIV. dit DIEV-DONNÉ, sur les Espagnols, & les Austrichiens, en Italie, Alsace, Flandres, Luxembourg, & Comté de Bourgongne, Catalogne & Roussillon. Par C. BALTASARD. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_6.


de Clouis, dont ces Princes fayneans estoient yssus, Neantmoins
l’excez de tant de desordres esclos dans l’Estat par leur fetardise, alluma
dans le cœur de ce peuple genereux le desir d’vn nouueau regne, & luy
fit jetter les yeux sur Pepin, fils de Charles Martel, Prince que la fortune
s’accordant auec la vertu, éleua sur le theatre de la Royauté pour la restau
ration de cet Estat, penchant & ruineux : Changement rare & de mauuais
exemple en vn Estat Monarchique, bien qu’authorisé du consentement
general des Estats : Aussi Dieu vengea-il cet iniuste attentat sur les descendans
de Pepin, en les despoüillant par les mains de leurs propres subjets
de la plus grande partie de leurs Estats : & en fin de la Couronne comme
ils l’auoient rauie à leur Maistre.
 
Pepin ayant donc pris place au thróne Royal, restablit l’ordre, la Iustice,
& l’authorité souueraine, employa la douceur & la crainte pour contenir
ses subjets en leur deuoir, & obligea grands & petits par bien faits & courtoisies :
Cependant la fortune luy offrit vne belle occasion d’accroistre ses
limites, dont voicy les particularitez.
Les Lombards, peuples originaires d’Allemagne, depuis leur establissement
en Italie, s’estoient tellement agrandis, que les Romains commencerent
à redouter leur puissance, & penser aux moyens de les affoiblir.
Astolphe, Roy des Lombards, qui aspiroit à la souueraineté de toute l’Italie,
ayant desia conquis l’Exarchat de Rauenne, & vne partie des villes du
Duché de Rome, voyant que les Papes s’opposoient à son dessein, les trauersa
tellement, qu’il les contraignit de se mettre sur la defensiue, & mandier
pour leur seureté le secours estranger : l’obligation que Pepin auoit au
Sainct Siege, dont l’authorité estoit interuenuë à la degradation de Chilperic,
& le zele singulier que les François auoient tousiours tesmoigné enuers
la Religion, pour auoir souuentesfois combatu les infidelles, fit resoudre
le Pape Estienne à se jetter entre leurs bras : Il vint à cet effet en France
auec les plus notables de Rome, & s’estant jetté aux pieds du Roy Pepin,
& representé l’oppression à laquelle il estoit reduit, le supplia de le
deliurer de cette misere. Pepin fléchy par les prieres d’Estienne, met ses
forces sur pied, passe promptement en Italie, & contraint Astolphe de laisser
les Romains, & les autres peuples d’Italie en leurs libertez & franchises.
Comme il est de retour en France, il apprend que les Lombards exerçoient
de plus grandes violences qu’auparauant. Ceste nouuelle le faict
repasser les Alpes, où il poursuit si viuement son ennemy, qu’il le despoüille
en peu de temps de la plus grande partie de son Estat : Mais à la requeste
du Pape & des Romains, qui vouloient auoir les François pour
amis, & non pour voisins, Ille remet en son Royaume, ne retenant de toutes