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Mazarinade n° C_1_40_06

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Anonyme [1649], SVITTE ET SIXIEME ARRIVÉE DV COVRIER FRANÇOIS, APPORTANT TOVTES LES Nouuelles de ce qui s’est passé depuis sa cinquiéme arriuée iusques à present. , français, latinRéférence RIM : M0_830. Cote locale : C_1_40_06.


sens, apres plusieurs meschantes actions en ait commis vne execrable, afin
qu’il fust detesté de tous les peuples de la terre, dont la preuue a consisté en
l’action de son forfaict ; & encores par vne grace particuliere, ce iuste Iuge
des hommes a voulu que ce Scelerat ait esté conuaincu par la deposition
mesme de nos ennemis : Ce qui est assez verifié, par l’arriuée de l’Agent de
l’Archiduc Leopold Lieutenant general du Roy d’Espagne au Pays bas,
qui le mesme iour dix neufiesme Febvrier se presenta en l’assemblée du Parlement,
auec lettre de creance de son Maistre, dattée à Bruxelles du 10.
iour de ce mois, qui fit entendre que le pouuoir qui luy estoit donné, estoit
d’offrir de la part du Roy Catholique & de son Altesse Imperiale, la Paix,
& dire, qu’ils mettoient entre les mains de Messieurs du Parlement leurs
interests, & ceux du Duc de Lorraine, qui estoient inseparables : ce qui
auoit tousiours esté refusé par le Cardinal Mazarin, qui portoit ses desseins
à la perte de la France, ainsi qu’il leur auoit tesmoigne plusieurs fois, &
plus particulierement depuis le iour des Roys, qu’il auoit fait soliciter son
Altesse Imperiale, d’accorder vne Paix desaduantageuse à la France, à la
charge qu’elle l’ayderoit de ses troupes pour la ruine de la ville de Paris.
Surquoy fut arresté par la Cour, que ledit Agent bailleroit par escrit ce
qu’il auoit dit, & cependant que Députez seroient enuoyez par deuers le
Roy & la Reyne Regente, pour les aduertir des propositions dudit Agent :
& supplier en mesme temps la Reyne, de donner des effects de la bonne volonté
qu’elle auoit tesmoignée aux Gens du Roy, par l’esloignement des
troupes qui estoient aux enuirons de Paris.
 
Le matin du Samedy 20. iour de Fevrier, arriua à Paris vn Conuoy de
bleds & farines dans cinq cens Charettes qui venoient de la Prouince de
Brie, & qui auoient esté escortées par Monsieur le Marquis de Noirmonstier,
qui estoit sorty dés le iour precedent ; & ayant fait rencontre des troupes
ennemies, conduites par le Comte de Grancey, qui firent effort d’empescher
ledit Conuoy, il y eut aspre Combat, où le Prince de Marsillac
fut blessé d’vn coup de Pistolet, & Monsieur de Duras le Fils, d’vn coup
de Mousquet, apres auoir deffait quantité des Ennemis, & fait passer de
viue force ledit Conuoy, sans qu’il y ait eu perte d’vne seule charette.
L’on a eu aduis à mesme temps que les Habitans de Melun, assistez de quelques
Soldats, auoient deffait la Garnison que le Vicomte de la Borde leur
Gouuerneur y auoit fait entrer, pour opprimer lesdits Habitans par nouuelles
exactions qu’il faisoit sur eux, & contraint ledit Gouuerneur auec
ce qui luy restoit de gens, de se retirer dans le Chasteau, où ils le tiennent
assiegé.
L’on attiré cent hommes de chaque Colonelle des Bourgeois de Paris,
pour composer vn Regiment, appellé le Regiment de Paris, qui a pour
Mestre de Camp Monsieur le Duc de Luynes, pour estre prest aux occasions
impreueuës qui se presenteront, pour soulager les Habitans, qui le
souldoient à leurs despens.