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Mazarinade n° A_3_34

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Anonyme [1649], L’ESPAGNE DEMANDANT LA PAIX AVX PIEDS DE LA MAIESTÉ ROYALLE, ET DV PARLEMENT. , françaisRéférence RIM : M0_1275. Cote locale : A_3_34.


de la Paix que ie souhaittois. Que la grandeur trop absoluë des Fauoris
est fatalle & funeste à la gloire & à la felicite vniuerselle des
peuples, puis que disposans du cœur des Roys & de la puissance
des Empires, ils n’ont d’autre interests que de tout entretenir en
trouble pour subsister. Nous auons fait vne triste épreuue de cette
verité vous & moy, Majesté souueraine, en faueur de celuy que
vous auez iustement disgracié, vostre bonté s’accordoit auec ma
passion extreme, vous vouliés fermer le Temple de Ianus aussi bien
que moy, toute la Chrestienté ne demandoit autre chose que la fin
de tant de miseres ; mais ce mal-heureux esprit a renuersé tous les
projets d’vne si iuste entreprise. Il a fait de nos interests vn sacrifice
barbare aux siens, & ne s’est pas soucié pour faire fleurir sa fortune
de l’arroser du sang de tant d’innocens que Mars a depuis immolez
à sa rage.
 
Toutesfois Dieu est iuste, Majesté souueraine, ce perfide que
nous auons long temps veu pecher, enfin nous le voions punir. Il a
mis dans vos mains, Senat glorieux, le foudre que vous lancés sur sa
teste. Frappés, n’espargnez point, illustres vẽgeurs de vostre Prince.
Souffrez que dans le transport de joye que ie sens ie vous crie courage ;
accablez ce tyran si vous voulez que ie participe à sa deffaite,
ie vous offre tout le secours que vous pouuez esperer d’vne Puissance
iustement irrittée. Receuez le sans soupçon, comme sans
necessité, Parlementre doutable, faites moy la grace qu’il ne meure
point sans receuoir quelques vns de mes coups.
Ie sçay bien que de tous costés chacun demande cette mesme
grace, tout le monde à la main preste à percer ce cœur inhumain.
Mais i’ay plus d’ardeur que tout le reste ensemble ; comme i’ay plus
d’interest a sa perte ie m’y porte auec vne passion plus allumée &
plus vigoureuse.
Ne vous estonnés point du feu de mes paroles, Senat Auguste,
mõ secours ne vous est point offert de la part de vos ennemis C’est
d’vne veritable & pure chaleur que ie cerche auec ma vengeance
le moyen de vous faire seruice, mon discours ne cache point de
perfidie dans mon ame & mon cœur ne dement point ce que ma
bouche pousse dehors. Ie ne viens point icy vous presenter de la
hayne, ny vous surprendre par artifice ; ie suis ce que vous me voyez
& vous m’entendez, vne triste & fiere humiliée que ses longs malheurs
ont lassee, qui apres tant de peines & de fatigues vient chercher