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Mazarinade n° C_7_72

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Anonyme [1649], L’ENTRETIEN SECRET DE MESSIEVRS DE LA COVR DES. GERMAIN, AVEC MESSIEVRS DE LA COVR DE PARLEMENT DE PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_1244. Cote locale : C_7_72.


tirer cette induction qu’il auoit la pensée de partager vn iour la
Frãce auec l’Espagnol, & que nous sommes peut-estre à la veille
de l’esprouuer. Vous dites que quãt à la depredation des Finances,
ce Ministre n’a donné aucunes limites à sa conuoitise : Il a
regardé le bien du Peuple comme sa proye, il a esté auide de sa
substance : & la derniere goutte du sang des François, estoit la
seule borne de sa cupidité.
 
Tout cela est vray, Messieurs, & il n’y a pas moyen de mieux
descrire nos mal heurs, ny l’humeur de celuy qui nous les a infligez.
Mais quels ordres auez-vous donné pour empescher l’execution
de ses sinistres desseins ? Quel chastiment luy auez-vous
imposé pour les exactions inoüies qu’il faisoit exercer aux
Villes & aux Bourgades, par des Brigades de Fuzeliers, qui en
verité estoient plus redoutables & plus preiudiciables à la France,
que les Ennemis mesmes de la France, puisqu’ils tuoient impunement,
voloiẽt, violoient, brusloient, sous pretexte, disoient-ils,
de faire obeyr le Roy. Quand ce Ministre a refusé la Paix à
Munster, qu’il pouuoit conduire si honorablement & si auantageusement,
sous la sage conduitte de ce genereux Prince,
Monsieur de Longueuille ; quel supplice luy auez-vous ordonné ?
quelles precautions auez-vous apportées pour preuenir ses
fatales entreprises ? L’on a puny tres-seuerement les premieres
& les plus illustres testes du Royaume, pour vn seul peché contre
l’Estat, & quelquesfois pour vn seul soupçon. Et qu’auez-vous
fait à celuy-cy, lors qu’il desesperoit tout le Royaume ?
Vous l’auez laissé esclater dans la gloire, dans le luxe, dans les
grandeurs qui le faisoient parestre au Peuple comme vn Empereur
triomphant ; lors mesme qu’il se ioüoit de vostre Pourpre,
& qu’il plongeoit la sienne dans nostre sang.
Vous vous plaignez & auec grande raison, que ce pretendu
Ministre a si fort espuisé le Royaume pour s’enrichir, qu’il y a
peu de Personnes à la Campagne, ausquelles il reste vn lict pour
se coucher ; moins, à qui il ait laissé de quoy suffisamment pour
se nourrir auec son trauail, & qu’il n’y en a point du tout qui
puisse viure sans incommodité. Vous marquez les voyes qu’il
a tenues pour faire vne telle depredation. Et vous obseruez que
les seuls fonds immenses qu’il a consommez dans la Marine,
dont il a disposé, sans en rendre compte, estoient capables d’épuiser
les Finances. Vous representez que c’est assez de dire