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Mazarinade n° A_3_28

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Anonyme [1649], L’ENTRETIEN SECRET DE MESSIEVRS DE LA COVR DE S. GERMAIN, AVEC MESSIEVRS DE LA COVR DE PARLEMENT DE PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_1244. Cote locale : A_3_28.


vn de nos Caualiers qui le railloit, en luy demandant quand les
Anglois retourneroient en France, d’où ils furent chassez sous
Charles VI. Nous y retournerons, dist-il, quand les pechez des
François seront plus grands que les nostres. Comment auez-vous
si peu consideré cette parole, que Dieu disoit autresfois
aux Iuifs : Ie les ay punis comme ils m’ont offensé, & ie les ay chastié,
ainsi qu’ils m’y ont obligé. Et si vous auez consideré tout
cela, comment n’auez-vous point pensé que les mesmes supplices
nous pourroient arriuer, quand nous serions coulpables des
mesmes crimes.
 
Aduoüons, Messieurs, que si vous nous permettez de renoncer
à la complaisance, nous auons suiet de dire, qu’elle a esté aussi
puissante sur vous que sur nous. Nous auons suiet de dire, que
Dieu a commencé & consommé nostre chastiment, par l’execution
de cette verité : Adducit Consiliarios in stultum finem &
Iudices in stuporem, optimates supplantat, &c. Car si vous estes
les Boucliers de la France, les Tuteurs du Royaume & du Roy,
les Colomnes de l’Estat, les Peres du Peuple, aussi bien que les
Iuges ; pourquoy est-ce donc que cette ancienne vertu qui
auoit tousiours paru si vigoureuse & si forte, s’est ramollie &
relaschée iusqu’au poinct que de nous faire voir ce que nous
auons veu, & que nous n’auons peu voir qu’auec des yeux de
despit & de furie ? Pourquoy auez-vous abandonné le salut de
la France, dans vn temps qu’elle ne pouuoit esperer qu’en vous ?
Pourquoy l’auez vous liurée à la mercy d’vn Estranger, & d’vn
Estranger qui auoit plus d’interest en sa ruine qu’en sa conseruation,
& d’vn Estranger que vous ne connoissiez point ? Car si
vous l’eussiez conneu, eussiez-vous bien voulu l’admettre au
Gouuernement de l’Estat ? Et aprés les experiences funestes
que vous auiez faites en la personne des autres Ministres qui
ont precedé. Vous ne le connoissiez donc point, Messieurs, &
cependant vous luy auez confié l’administration de la France,
l’education du Roy, vostre salut & le nostre, nos vies & nos fortunes.
Et vous luy auez confié tout cela absolument, souuerainement,
sans restriction & sans limites, pour en disposer comme
il luy plairoit comme s’il eust esté nostre Roy, & comme si la
France eust esté son Royaume. Vous l’auez honoré ; Vous l’auez
admiré ; Vous l’auez adoré. A qui voulez-vous qu’on se prenne
de tous les mauuais succez de son gouuernement ?