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Mazarinade n° A_3_42

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Anonyme [1649], L’ECHO LVGVBRE DE LA FRANCE, AVEC L’OPPRESSION de la ville de Paris. Et les ruses du Renard Sicilien descouuertes. , françaisRéférence RIM : M0_1180. Cote locale : A_3_42.


Nous voyons auiourd’huy par experience que ce Cardinal
sans titre, qui ne s’est fait naturaliser en ce Royaume
que pour le perdre, afin d’y posseder les plus beaux benefices,
épuiser les Finances, & exiler nos Iustes en Italie,
veut que Paris serue de theatre pour y joüer la mesme
tragedie que l’on a veu à Naples ; que la faim, le fer,
& le feu, soient les funestes instrumens pour satisfaire
sa vengeance, & assouuir sa cruauté : que pour cét effet
il a fait venir les troupes qui estoient en garnison sur les
frontieres pour destruire vn peuple qui est dãs l’oppression
depuis trente ans sans se plaindre. Nous voyons encore
que cét auare insatiable a fait seruir nos tresors afin
d’achepter à Rome le Palais de Montalte, vn Chapeau
de Cardinal à feu son frere, moyennant cinquante mille
escus, le droit de Bourgeoisie à Venise, & la Principauté
de Strozzi prés de ceste ville là. En fin que voyons
nous ? vn Parlement tres-innocent, l’honneur de cét
Estat, que l’on veut faire passer pour coulpable, pour en
auoir voulu reparer les desordres : Vn peuple iustement
armé pour la deffense de sa vie & de sa liberté, que l’on
luy veut rauir par vn blocus iniuste. Nostre Roy enleué
deux heures apres minuict dans l’innocence & la tendresse
de ses plus belles annees. Vne Reyne sa mere qui
l’a mis au monde par miracle, aussi bien que Monsieur
son Frere, aymer mieux voir ce Royaume en danger
euident, que de souffrir l’esloignement d’vn detestable
tyran, vn premier Prince du Sang, estre tombé dans vn
semblable sentiment, & vn autre Prince qui seroit plus
estimable que Cesar, s’il n’auoit leué comme luy les armes
contre sa propre patrie, auoir pris le party de ce perturbateur
du repos public, pour attirer sur soy la hayne
vniuerselle des peuples, & ternir le lustre de ses actions
passées. Sera-t’il dit que ceste nation tousiours victorieuse
parmy les autres, ayt eu le mesme sort que l’Empire
Romain, qui ne fust vaincu que par ses propres armes