[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° B_15_27

Image de la page

Anonyme [1652], L’AVTHORITÉ DES ROYS, DES PRINCES, DES REPVBLIQVES, ET DES PARLEMENS. Presenté au Roy dans la Ville de Pontoise par vn grand Prelat. , françaisRéférence RIM : M0_434. Cote locale : B_15_27.


SIRE, Car ce n’est en ce temps ny en cét affaire si
serieux, qu’il faut flatter & se chatoüiller. Vous estes
tres-griefuement malade, & vostre pauure Royaume
aussi : En la guerison des grandes maladies, le déguisement
& palliation ne vaut rien, les remedes anodins
& sedatifs de douleurs, ne sont alors vtiles, ains souuent
apportent ruïne, & conduisent le malade doucement
au sepulchre & à la mort. Nostre mal est tel à
present, & des plus grands : pource ne faut-il pas que
vous soyez si delicat & aisé à courroucer, que vous prenez
en mauuaise part la verité que l’on vous dira : Il
n’y a moyen de guerir la maladie, sans la connoistre &
la dire : vostre guerison & remede doit commencer par
ce cautere, lequel il faut que vous enduriez Chrestiennement,
& en esprit de mansuetude, & ne faut pas
que cela vous endurcisse & irrite, non plus que le malade
ne doit pas hayr le Medecin & Chirurgien, lesquels
(pour le guerir) luy font quelque douleur. Il n’y
a, disoit Ciceron, remedes plus salutaires aux playes,
que ceux qui font quelque douleur. Le Prouerbe dict,
que verité engendre hayne, mais cela s’entend des
meschans, endurcis au mal, & non de vous qui n’estes
pas tel graces à Dieu. Le cœur endurcy opiniastre & impenitent
est ennemy de Dieu, & sera, dit le Sage,
mal traicté au dernier iugement d’iceluy.
 
Ie vous supplie donc, SIRE, au nom de Dieu, de
recognoistre les desordres qui sont en vostre Royaume :
de trouuer bon que l’on vous dise que tout y est
en tres-mauuais estat, & que par faute de pieté & Iustice,
il n’y a que confusion, tout s’en va s’en dessus dessous,