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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.


la valeur, puis qu’elle semble contraindre la fortune à fauoriser
tous vos desseins.
 
La temerité au contraire, outre qu’elle part le plus souuent
de l’ignorance, est tousiours mal heureuse, & quand
cette passion possede vn Capitaine, il est aisé de le surprendre
par finesse. L’ennemy méprise vn chef qui entreprẽd tout, &
craint celuy qui n’entreprend rien temerairement. Le conseil
& la prudence sont de tel poids en vn chef d’armée, que
quand il vient à bien ou mal faire, on attribue le tout à sa
prudence ou à sa temerité : C’est pourquoy Agesilaus aimoit
mieux faire paroistre sa valeur par les effets de sa prudence,
que par les hazars, & les entreprises difficiles. Et Pyrrhus disoit
que Cyneas luy auoit acquis plus de villes par son conseil
& par son eloquence, qu’il n’en auoit conquis par l’effort de
ses armes.
Lors que les Lacedemoniens auoient surmonté l’ennemy
par quelque stratagéme & ruse de guerre, ils sacrifioient vn
Taureau à Mars : Mais quand ils l’auoient vaincu en champ
de bataille, ils immoloient à ce mesme Dieu de la guerre vn
Coq, voulant par là representer qu’il est plus auantageux de
repousser l’ennemy sans perdre vn homme, que de le defaire
par la perte de plusieurs soldats. C’est pourquoy vn Grand
Capitaine ayãt vaincu en bataille ses ennemis, dit à ceux qui
le loüoient, Il auroit esté bien meilleur si nous les eussions
surmontez par quelque ruse, plutost que par la force. Et suiuant
le dire de Cesar, vn Capitaine doit estre autãt loüé lors
qu’il remporte la victoire sur son ennemy par addresse, que
quand il le surmonte par la seule espée. Aussi Auguste estoit
de cette opinion, disant qu’il ne faut iamais donner vne bataille
s’il n’y a plus d’esperance de gain que de perte ; & lors il
croyoit que la victoire commençoit de venir assez tost, quãd
on auoit pourueu à n’estre point vaincu.
Ce Capitaine Macedonien auoit tres-bien recõnu de quelle
importance estoit le salut d’vn General, lors qu’il reprenoit
Alexandre le Grand qui auoit esté blessé en vne occasiõ,
luy parlant en ces termes : Que toute la terre conspire contre