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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.


dans l’interieur, excite la valeur, & par vne émotion genereuse
rend les soldats semblables à des Lyons, toutesfois il la
faut conduire auec retenuë & iugement au milieu du combat.
 
Que si quelque mouuement extraordinaire arriue en l’armée,
le Capitaine eloquent le pacifie par son addresse, &
beaucoup plus aisément que les Medecins ne guerissent les
playes ; il adoucit les inconueniens, & restablit l’ordre : Il faut
du temps au Medecin pour remettre le malade en santé, &
le Capitaine qui parle bien peut en vn moment appaiser le
soldat prest à s’émouuoir & faire sedition, enflammer son
courage, & porter son ambition aux plus hautes entreprises.
Le Capitaine qui est capable de persuasion, sçaura bien representer
aux siens ce qui est de l’impuissance & lascheté des
ennemis, releuer leur courage par le souuenir des grandes
choses qu’ils ont executées ; & en les appellant par des noms
qui les flattent, & qui captiuent leurs affections.
Ie prouueray encore mieux mon intention, si ie fais voir
que le premier essay que les enfans des Princes donnoient de
leur esprit & de leur capacité, estoit de faire quelque Oraison,
ou action publique. Auguste âgé de douze ans prononça
publiquement l’Oraison funebre de Iulia son ayeule.
Tybere à neuf ans en fit autant apres la mort de son Pere.
Caligula loüa sa bisayeule estant encore fort ieune. Et
l’Empereur Claudius estant encore en enfance se rendit fort
agreable à Auguste, pour vne declamation qu’il fit, ornée de
toutes les fleurs de l’Eloquence. Ie ne parleray point de cét
Empereur qui fut autant aymé par ses vertus au commencement
de son Regne, qu’il fut haï du depuis pour ses vices &
pour ses cruautez.
Mais pourquoy mandier des exemples estrangers, puis que
ce siecle nous en fournit de si rares ; N’en auons-nous pas vn
bien euident en Vostre Altesse ? Et ne pouuons nous pas,
Monseigneur, vous appeller auec autant de raison le Prince
Eloquent, que le Prince Conquerant ? Qui est ce luy qui a iamais
mieux que Vostre Altesse encouragé ses soldats, autant