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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.



Certes tous les Roys, Princes, & Grands Seigneurs qui
ont heureusement commandé en leur temps ont reconnu
l’vtilité des Lettres ; & ie me rendrois ennuy eux si ie voulois
parler de tous ceux qui les ont estimées. Ie me contenteray
d’en choisir d’entre les Modernes cinq ou six des principaux,
pour seruir de modele à ceux qui les voudroient
imiter.
Alphonse Roy de Naples, Prince sage & vaillant tiendra
le premier rang ; ayant terminé des guerres fort perilleuses,
& vuidé de grands differens, estably la paix par tous
ses Estats & ceux de ses voysins, auoüa franchement estre
obligé à la lecture des bons liures de tous les heureux succés
qui luy estoient arriués. Il auoit tousiours en son camp,
& en sa Cour pour compagnie ordinaire les escrits des Philosophes
& grands Historiens, en la lecture desquels (sur
tout de Tite Liue) il se recreoit tellement, qu’vn sien puissant
ennemy luy ayant enuoyé les escrits de cét Autheur
richement reliés, contre l’auis de ses Medecins ; qui apprehendoient
qu’on y eust meslé quelque poison si subtil qu’il
en peust estre offensé, ouurit sans crainte, & feüilleta le
present qu’on luy auoit enuoye, disant que Dieu maintenoit
les Roys, & les preseruoit de telles embusches.
Vne autre fois estant déliuré d’vne longue & fascheuse
maladie, confessa deuant tous n’auoir receu aucun allegement
que par la lecture des Liures de Quinte Curse : Il
prit du depuis pour deuise vn Liure ouuert (auec ces mots)
Que les morts estoient ses meilleurs Conseillers, se souuenant
qu’vn ancien auoit tenu le mesme langage au Roy
d’Egypte de son temps. Ses soldats qui n’ignoroient pas
que leur Roy aymoit extremement les Liures, en sa prise
des villes & des forteresses conseruoient tous ceux qu’on y
trouuoit : c’estoit aussi leur meilleur butin, car en les luy
apportant il les achetoit fort cherement. Le mesme Roy
protestoit aussi auec serment, qu’il eust bien mieux aymé
perdre tous ses biens, que ce peu de science qu’il auoit
acquise par son estude, & que les Roys deuoient este sçauans,