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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.


courses, & violents efforts des Ennemis : de sorte que sans
icelle on ne sçauroit maintenir la paix publique. D’où
vient ce dire commun que durant la paix il faut tenir ses
armes prestes.
 
On sçait aussi que les premiers & derniers Empereurs
pour auoir heureusement manié les Armes, se sont acquis
les tiltres de victorieux, d’heureux, & Grands ; Et à cause
des peuples qu’ils auoient subjuguez, ont esté nommez
Asiatiques, Africains, Parthiques, & d’autres semblables
tiltres d’honneur non pas tant pour estre aymez de leurs
subjets, que pour se rendre redoutables à tous les peuples.
A cela se peut rapporter la repartie d’vn grand Chef d’armée,
auquel on demandoit s’il aymeroit mieux estre Achille
qu’Homere, il voulut auparauant que celuy qui
l’interrogeoit respondist, lequel des deux estoit plus excellent,
ou le Trompette ou le Chef d’armée.
C’est vne verité trop connuë pour en douter, que la valeur
a tousiours esté en plus grande estime que la doctrine,
que Mars a plus de charmes que Minerue, & l’espée plus
d’éclat que la robbe. Qu’on s’en rapporte aux Goths qui
pillerent toute la Grece, où ils trouuerent tant de rares liures
qui traitoient de toutes les Sciences (sans y toucher)
croyans que tels escrits ne seruoient qu’à effeminer, &
amollir leurs courages. Si l’on veut s’en remettre aux Tartares,
aux Turcs, ou à tels autres peuples barbares, sans
doute cette trouppe d’arbitres prononcera en faueur des
Armes, contre les bonnes lettres. Que si on les estime incapables
de iuger de cette question qu’ils ne connoissent
pas, il s’en faut rapporter au iugement d’vn Grand Roy,
qui disoit que les ignorans n’estoient pas hommes, &
qu’vn homme sans sçauoir ne deuoit point auoir part au
commerce des Sages.
La pluspart des fondateurs des Estats & Republiques
bien policées ; ces grands Legislateurs qui n’ignoroient
pas les moyens necessaires à maintenir vn Estat florissant
ont fait des Loix expresses, pour l’instruction de la jeunesse,