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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.


bonnes Lettres, on le peut recueillir de ce qu’au plus fort
de ses guerres il lisoit ordinairement le Poëte Homere, &
faisoit tousiours porter des Liures par tout où il alloit ; Et
comme on luy eut apporté vn precieux coffret d’or, enrichy
de perles & de pierres precieuses, il le destina pour y
enfermer son Homere, l’Iliade duquel il tenoit d’ordinaire
la nuit auec son poignard sous le cheuet de son lict.
Ainsi ce grand Monarque veilloit & dormoit auec le Prince
des Poëtes. Iules Cesar, non seulement en son Palais,
mais mesme en son camp, lisoit, dictoit, escriuoit, comme
ses Commentaires le tesmoignent.
 
Que si les deux plus renommez hommes du monde ont
tant fait de cas des Lettres, s’en trouuera-t’il maintenant
qui les veüillent mépriser, puis qu’elles contiennent des
preceptes si vtiles pour l’entretien de la societé humaine ?
Que resteroit-il de recommandable ny d’agreable entre
les hommes, si l’on bannissoit les Maistresses de la vie, &
sans lesquelles elles seroient vne suitte de peines & de soucis ?
L’Empereur Iulien n’ignoroit pas l’auantage que l’on
tire des sciences, quand il vouloit exposer les Chrestiens
au mépris, & à la risée de tout le monde, & exterminer
leur memoire : Il ne trouua point de plus court expedient
pour paruenir à son dessein, que de leur deffendre l’exercice
des Lettres. Appellons icy à témoins ces peuples barbares,
qui suiuent en toutes leurs actions la seule nature,
& qui n’ont d’autre conduite que leur inclination. Quelle
difference remarquerez vous entre telles gens & les brutes,
si ce n’est en la face & en la parole ?
Les sages Princes & Magistrats qui ont soigneusement
consideré, combien il importe que la ieunesse se rende
capable de vertu, & de seruice enuers la Republique : ont
basty des Academies, & attiré par de grandes recompenses
des hommes sçauans pour l’instruction de leurs subjets.
Les anciens Romains auoient deux Temples qu’ils reueroient
grandement ; l’vn estoit la Vertu, & l’autre à
l’Honneur, tellement bastis, comme il se voit encore