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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.



Mais il ne faut pas craindre que le souuenir de vos faits
glorieux, Monseigneur, qui ont estendu si loin des bornes
de cet Empire, & qui honorent nostre siecle, & nostre nation
s’éuanoüisse dans les tenebres de l’oubly : puisque la France
produit tous les iours des esprits si rares & si polis, qui se
tiendront trop heureux si vous agréez qu’ils consacrent leurs
plumes à l’immortalité de vostre Nom. Et quand la mort, on
quelqu’autre accident nous auroit rauy ces doctes Escriuains,
ne doutez pas, Monseigneur, que les Estrangers qui ont veu
& admiré tant de fois les prodiges de vostre courage, ne les
descriuent en caracteres d’or au Temple de l’Eternité.
Et si les François & les Estrangers manquoient à s’acquiter
de ce deuoir, les peuples graueroient vos exploits sur les rochers,
ou sur l’escorce des arbres ; ou bien ils feroient des
Poëmes en vostre honneur, pour les enseigner à leurs enfans,
& les exciter à la vertu par vostre exemple : comme faisoient
les anciens Goths, les Thraces, & les Norveges, pour conseruer
la memoire des hommes valeureux.
Or puis qu’il n’appartient, Monseigneur, qu’aux grands
Princes comme vous, de porter la vertu à vn si haut poinct,
qu’ils ne doiuent craindre ny l’oubly, ny les atteintes de la
mauuaise fortune, i’espere que le peu de lignes que i’ay tracées
pour vostre Gloire, seront aussi à couuert de l’enuie &
de l’oubly, à l’ombre de vos vertus ; si ie peux assez dignement
faire voir l’alliance des Armes & des Lettres, qui se
trouuent si parfaitement vnies en Vostre Altesse.
Nous en auons des preuues, Monseigneur, que l’on ne
peut contredire. Vous auez deliuré la France de la crainte
d’vn puissant Ennemy qui la menaçoit, par cette memorable
bataille qui a esté comme les premices de vostre valeur.
Vous auez donné des bornes à vn peuple puissant & redoutable
à toute l’Europe, qui n’en auoit point d’autres que celles
de son ambition. Vous auez repoussé au delà du Rhin la
plus fiere de routes les nations qui estimoit toute sa puissance
inferieure à la sienne : & engloutissant d’esperance les Royaumes
& les Empires, a veu en vn moment éuanouïr ses projets