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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.


les Prouinces que la force a conquises ? Et pourquoy
ne partagerions nous pas les fruits des grandes actiõs
auec ces sages Ministres, puis qu’elles ont esté conduites
& accomplies par les auis de gens de conseil ?
 
Le Ministre du Prince est aux Estats ce que la teste est au
corps, & comme les membres se ressentent de la bonne
ou mauuaise disposition du Chef ; ainsi par la capacité ou insuffisance
des Ministres, les grands desseins sont renuersés,
ou heureusement executés. Il est besoin d’vne grande vertu,
d’vn grand esprit, d’vne grande valeur, & d’vne grande
fortune pour regir des peuples, & conduire des armées ;
& partant en la distribution de ces charges, on doit considerer
dauantage le merite que la faueur.
C’est pourquoy vn Ministre patient dans les affaires, ingenieux
pour les expediens, prompt à l’execution, considerant
à punir, auisé à despencer, habile à commander,
& genereux enuers ceux qui le meritent, gagnera mieux luy
seul l’affection des sujets, & l’obeissance des soldats, &
fera mieux succeder toutes ses entreprises, qu’vn grand
nombre d’autres inquiets & precipités en leurs entreprises,
irresolus en leurs desseins, lents en leurs executions,
mal-auisés en leurs deliberations, violens aux ordres, seueres
aux punitions, déreglés en leurs dépences, & auares
aux recompenses.
Les actions des Ministres sont comme des antes qui
changent les fruits de l’Estat selon leur espece ; d’où vient
que les Estats qui sont gouuernés par d’excellens hommes
ne peuuent iamais perir. Leur gouuernement est semblable
à vn grand fleuue qui prend son nom de sa source,
& le communique à toutes les autres riuieres & ruisseaux
qui luy apportent tribut de leurs eaux. Et ne pouuons-nous
pas dire qu’aujourd’huy la pluspart de ceux qui ont
executé de grandes choses, doiuent vne parie de leur
Gloire au soin & à la preuoyance de ces Grands Ministres ?
Que les resolutions du cabinet ne sont gueres
moins illustres que les exploits de la milice, & que pendant