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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.


qui reste à celuy qui luy tient coup, il perd souuent tout ce
qu’il auoit gagné. Son sage Conseiller Cyneas l’auoit aduerty
auparauant ses pertes de se retirer : Mais ce fut vn libre
auis, qui alluma l’ambition de ce Prince Architecte de
nouuelles esperances : Sa miserable fin découurit la verité
des propos de son Conseiller : Et l’on peut dire de ce Prince,
& de tous ceux qui luy ressemblent, que la vanité de
l’homme ne luy permet pas de donner à soy-mesme, ny
receuoir d’autruy aucun conseil qui luy puisse profiter.
 
Scipion estant Censeur, & ayant à faire vne priere publique
selon la coustume, au lieu de dire ; ô Dieu accroissez
la Republique, se contenta de prier qu’ils la maintinssent.
Vn ancien a dit à ce propos, qu’vn Estat se garde aisément
auec les mesmes moyens par lesquels on l’a acquis : mais
quand l’oisiueté, & la dissolution ont pris la place du trauail
& de la justice, l’Estat ce change par ce changement
de mœurs.
Totilas Roy des Goths qui conquit Rome, conclud ainsi
en vne harangue qu’il fit à son armée, Que c’est chose plus
mal aisée de garder ses conquestes, que de conquerir : pour
ce qu’en gagnant païs, bien souuent la lascheté du possesseur
sert plus que ne fait la valeur de l’agresseur, qui ne peut
sans sa propre vertu garder ce qu’il a gagné.
Nostre Histoire nous fournit vn exemple memorable sur
ce sujet en la personne du Roy Charles surnommé le Sage,
le que trouuant la France ruinée par les Anglois, sous les
Regnes de Philippe & Iean ses deuanciers, particulierement
la Guyenne ; vne partie de la Normandie & Picardie
occupée par les ennemis : considerant aussi qu’il auoit sur
les bras Edoüard troisiesme, le plus heureux & vaillant Roy
que l’Angleterre ait eu, lequel peu d’années auparauant
auoit deffait les François en deux batailles signalées, se resolut
premierement de bien garder ce qui luy restoit, ayant
appris par les fautes du passe qu’il se deuoit plûtost gouuerner
par le conseil que par la force des armes, ne faisoit rien
temerairement. Il prenoit peu souuent les armes, mais s’il y