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Mazarinade n° B_7_18

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.


gauche vn liure, & de la droite vne espée) auec ces mots (IL
EST CESAR PAR L’VN ET PAR L’AVTRE) tableau qui nous
represente que Cesar acquit l’Empire par les Armes & par
les Lettres, & qu’il le maintint par cette illustre alliance.
 
C’est ce que veut la loy de Seruius Tullius sixiéme Roy
des Romains, que le repos d’vn Estat n’est pas seulement
estably par les armes & par la connoissance de l’art militaire,
mais encore par les conseils & par les arts liberaux. C’est
aussi ce que nous apprend l’Empereur Iustinian au commencement
de ses Institutes, lors qu’il dit que la Majesté
Imperiale doit non seulement estre decorée par les armes,
mais aussi pareillement armée de loix, afin qu’elle
puisse bien gouuerner, & en temps de guerre, & en temps
de paix ; & que le Prince Romain soit non seulement victorieux
de ses ennemis, mais encore que par voyes legitimes
il chastie les meschans & protege les bons.
Vn Historien moderne accuse couuertement d’imprudence
les François qui font en peu de temps, & auec vn
prompt succés de grandes conquestes, & ne les peuuent
garder, ne sçachans pas qu’vn païs gagné par ceux qui n’ont
point de discipline leur est inutile, la garde leur en est difficile,
& qu’il les ruïne à la fin. L’Empereur Auguste l’auoit
tres-bien appris par la lecture de l’Histoire des faits d’Alexandre
le Grand en Orient, quand il disoit qu’il s’émerueilloit
qu’Alexandre eût seulement pensé d’adjouster conquestes
sur conquestes, sans pouruoir aux moyens de les
bien garder.
Pyrrhus Roy d’Epire estoit de cette humeur, (comme
les Histoires recitent) car là où il portoit ses armes aucun
ne pouuoit soustenir ses efforts, & autant qu’il estoit estimé
Conquerant valeureux, autant paroissoit-il tost apres
possesseur mal-heureux, ne prenant plaisir qu’à gagner des
païs, & se souciant peu de les perdre. Le Roy Antigone
le comparoit à vn joüeur de dés, qui perd son bien propre
& liquide sous esperance du gain, & ne se contente pas de
ce qui luy vient sous les mains en joüant, voulant auoir ce