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Mazarinade n° B_2_34

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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.


Les Gantois pour ne se laisser enclore & porter à l’incommodité
d’vn siege, ayant vn incroyable auantage en la multitude
de leur peuple, se resoluent apres auoir donné ordre à
la garde de leur ville, d’en tirer vne bonne troupe pour rauager
le païs, & se jetter sur quelque place du Comte, afin
que par cette diuersion il fut contraint à leuer le siege.
 
De fait, sous la conduite de Iean de Launay l’vn de leurs
Tribuns, ils jettent en campagne six mil hommes d’élite,
prennent & brulent Teremõde & Gramont villes du Comte,
faisans vn mal infiny au plat pays. Le Comte quitte le
siege, s’achemine vers eux en intention de les combattre
dans la campagne, les attrape prés de la ville de Niuelle, les
charge, les rompt, les met en fuite, ils gagnent les portes de
Niuelle, & le Comte apres pesle-mesle. Vne partie conduite
par ce de Launoy, gagne le beffroy de la ville. Le Comte
les assieges, fait apporter force fagots & fascines à l’entour
de cette tour, & y met le feu. Tout se brusle parmy les cris
épouuentables de ces miserables. Le spectacle fut hideux,
& certes, indigne d’vn Seigneur courroucé enuers ses Sujets,
& neantmoins suiuy d’vn nouueau carnage de ce pauure
peuple qui se trouuant estourdy d’vne si grande défaite,
n’a plus ne pieds, ne mains, ou pour courir, ou pour defendre.
Tout est massacré, de sorte qu’à peine de six mille en
eschapperent trois cens. Mais les Gantois auront bien tost
leur retour : au bruit de cette nouuelle, les voila autant effrayez
comme le Comte esleué pour poursuiure la poincte
de sa victoire, voyant le chemin frayé pour acheuer le reste
selon son dessein. En ce desarroy les Gantois elisent vn autre
chef, Philippes d’Arteuelle, qui leur conseille de s’humilier
enuers leur Comte, & luy demander pardon. Ils s’y
resoluent, ayans pour principale conseillere la necessité. Ils
supplient donc leur Comte d’auoir pitié du sang de ses Sujets
qui soûmettoient leurs vies & leurs biens à sa misericorde
pour en faire à son plaisir, leur par donnant, ou leur permettans