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Mazarinade n° B_2_34

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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.


sous le Roy Clotaire ? les Saxons, peuple qui ne pouuoit
souffrir vne domination estrangere, ne se soûmettoit qu’à
peine à la puissance des François, de là venoit qu’ils auoient
l’esprit fort porté à ce mutiner. Clotaire estant encor Roy
de Soissons, auoit dompté cette reuesche nation. Ses freres
estans morts, il demeura seul Roy de toute la France, qu’il
ne tint pas long-temps paisible, à cause d’vne reuolte des
Turingeois ; qui embarquerent facilement dans leur party
les Saxons ; comme estans leurs voisins. Ces deux peuples
ayans rallié le plus de Soldats qu’il leur fut possible, se donnerent
la hardiesse de liurer vne bataille à Clotaire, en laquelle
ayans esté mis en déroute, ils eurent recours aux prieres,
pour en impetrer le pardon de leur temerité. Mais quoy
qu’ils missent les armes bas, ils ne pûrent iamais flechir la
rigueur de ce Prince inexorable : ce qui fit que le peril & la
necessité leur donnans de l’audace, ils se mirent en defense,
plus déterminez que iamais par cette sanglante resolution
de se perdre. Apres donc auoir long-temps combattu auec
vn égal succez des armes, se sentans capables de resister
contre leur esperance, ils hausserent leurs courages, & les
François furent estimez vaincus, pour n’estre pas vainqueurs.
Là dessus les ennemis iettans vn grand cry, firent
vn puissant effort sur les nostres, que la crainte & le nombre
auoient desia mis en desordre, & les taillent en piece, puis
saccagerent leur camp : à peine Clotaire se pût-il sauuer à la
fuite, laissant par ce desastre inesperé, vn bel exemple à tous
les Roys, qu’ils ne doiuent iamais reduire à l’extremité ceux
qui reconnoissent librement leur puissance.
 
Mais, c’estoient gens aguerris, que ces Saxons, obiectetera
aussi-tost quelqu’vn de nos Politiques, ce n’est pas merueille
si ils ont fait vne action si memorable. Il n’en va pas de
mesme des Habitans d’vne ville, qui n’ont esté nourris que
dans le trafic & le commerce, & qui ne sont pas accoustumez
au son du tambour. Les Parisiens sont bons, diront-ils,
pour defendre leurs foyers : mais faites les sortir en campagne