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Mazarinade n° B_11_22

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Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.


sert l’Estat, & plus on l’accuse de le troubler. Enfin de ce vainqueur
on resout d’en faire vn prisõnier & vn coupable à la veuë
du Roy, & au milieu de la ville capitale de la Frãce. Ainsi on voit
que ce n’est pas à ses fautes qu’on en veut, mais à sa puissance,
qui s’accroist auec son bon-heur, & auec ses merites ; & l’on ne
doute point que ceux qui taschent de nous faire croire que ses
crimes ont augmenté auec ses seruices, n’ayent pris pour rebellion
les effets de son deuoir, & ses seruices pour des crimes ; &
il est infallible, que si cét exilé reuenoit en France moins accompagné,
& moins en estat de rendre victorieuses les armes
du Roy, par le renfort & par la jonction des siennes, on n’auroit
pas dépeint son retour si pernicieux, que l’on a fait, & peut-estre
mesme que la haїne de ses condamnateurs ne seroit pas
venuë à vn excez si épouuentable, que de mettre à prix sa teste
sacrée, & de la sacrifier à la fureur des assassins les plus desesperez.
 
Ce sont là les causes veritables qui allument la vengeance de
ses condamnateurs, & qui font joüer maintenant tous les ressorts
de tant d’artifices, qu’on a employez pour surprendre la
bonté de l’vn des plus humains & des plus doux Princes que
l’on vit iamais, & l’engager à se rendre le ministre de l’animosité
de peu de mal-contens par vne guerre domestique, & vne
combustion generale de la France, quoy que le plus celebre &
le plus éclairé des infidelles ait pû nous enseigner cette belle verité.
Qu’vn homme de bien ne doit iamais entreprendre dans
l’Estat quoy que ce soit, qu’autant qu’il est capable de le persuader
par la raison, & qu’on ne doit iamais employer la force
contre ses parens & contre ses patrie, & par consequent beaucoup
moins contre le Roy, qui nous tient lieu tout ensemble
de parens & de patrie. Et c’est enfin ce qui fait que presque vn
seul Cardinal est deuenu l’objet de la justice criminelle, pendant
que les violences & les peculats d’vn si grand nombre
de particuliers, demeurent impunies à la faueur de leur amitié
& de leurs alliances auec les Iuges qui sont obligez de les chastier,
comme ils sont obligez de se chastier, & de se reformer
eux-mesmes ; ce qu’ils ont toutesfois negligé de faire, aussi
bien que de pouruoir à vn reglement exact du détail de la police,
& sur tout du debit & de la vente des denrées dont le prix