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Mazarinade n° B_11_22

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Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.


toûjours inimitable ; Si le Seigneur du Ciel & de la terre, par
qui toutes choses ont esté faites, a bien voulu se rendre seruiteur de personnes
indignes & infames, s’il a prié pour ceux qui le crucifioient &
le faisoient mourir auec vne haine & vne fureur extrême ; & s’il est
venu dans le monde, pour leur seruir de medecin, puis que les medecins,
quoy qu’ils vaillent mieux que les malades qu’ils traittent, &
qu’ils ayent plus de suffisance & de santé qu’eux, ne laissent pas auec
tout cela d’estre considerez, comme leurs seruiteurs ; combien plus vn
homme ne doit-il pas dédaigner, de se soûmettre de toute son ame, de
toute l’affection la plus ardente de son cœur, & de toute l’étenduë de
sa charité, à vn mauuais maistre, pour seuere & rigoureux qu’il soit ?
Voila comme pour vn temps les gens de bien seruent les méchans, &
ce que j’ay dit du maistre & du seruiteur, ie le dis aussy des Puissances &
des Roys, & de tous ceux qui sont éleuez aux dignitez souueraines de
ce siecle ; car il y a des Princes qui sont bons & qui craignent Dieu, &
il y en a qui ne le craignent point. Iulien n’estoit-il pas vn Empereur
infidelle & vn apostat, vn meschant, vn idolatre ? Les soldats Chrestiens
alors seruoient vn Empereur Payen : quand il s’agissoit de ce
qu’ils deuoient à Iesus-Christ, ils ne reconnoissoient point d’autre maistre,
que celuy qui est dans le Ciel. Quand il vouloit qu’ils fléchissent
le genoüd deuant les Idoles, & qu’ils leur donnassent de l’encens, ils
preferoient le commandement de Dieu au sien ; mais quand il leur
disoit, mettez-vous en bataille, allez faire la guerre à cette nation,
ils ne manquoient pas aussi-tost de luy obeyr. Ils sçauoient bien mettre
de la difference, entre le maistre eternel, & le maistre temporel, &
toutes fois pour l’amour du maistre eternel, ils demeuroient soumis au
maistre temporel.
 
In Psal. 124.
Que si dans la pensée de saint Augustin, il n’y a ny vice,
ny infidelité, ny apostasie, ny seuerité de gouuernement, qui
nous puisse dispenser de la fidelité ou de l’obeїssance, que
nous auons promise à nos legitimes Souuerains ; combien
plus estroitement le deuons-nous rendre à vn jeune Roy
que Dieu nous a donné, comme par miracle, qui porte &
fait voir vne viue image des graces de son ame dans celles de
son corps, & en qui la perfection & la maturité de toutes les
vertus, de la sagesse, de la pieté, de la clemence, de la force
& du courage, ont deuancé l’âge, & surmonté nos esperances ?